Montauban | La justice confie un enfant à un voisin déjà condamné pour viol sur mineur

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Cet enfant a été placé chez un pédocriminel sans contrôle du casier judiciaire
Mediapart révèle qu’à Montauban, un petit garçon de 9 ans a été placé par la justice chez un voisin, sans que les antécédents de cet homme soient vérifiés. Il avait été condamné pour viol sur mineur

Mediapart révèle le cas, à Montauban, d’un enfant de 9 ans que la justice a placé chez « un tiers de confiance », en l’occurrence un voisin sexagénaire.

Or, cet homme avait été condamné en 2008 à dix ans de prison pour viol sur mineur.

Dans le cas des « tiers de confiance », la loi ne prévoit pas de contrôle systématique des antécédents judiciaires.

Un dysfonctionnement législatif aussi incroyable qu’effroyable

Le site d’investigation Mediapart révèle la triste histoire de « Lucas »*, 9 ans, que la justice n’a pas protégé comme il se doit.

Bien au contraire. Le petit garçon, dont la mère est dépendante à l’alcool, démissionnaire, et le père violent quand il n’est pas absent, a fait l’objet d’un premier signalement anonyme aux services sociaux en 2022.

Saisie, la justice a choisi de le maintenir au domicile de sa mère, à Montauban (Tarn-et-Garonne), avec un accompagnement éducatif costaud.

La situation ne s’est pas vraiment améliorée.

En octobre 2023, la juge des enfants en charge du dossier choisit donc, plutôt que de placer Lucas en foyer, de la confier selon l’expression consacrée à « un tiers de confiance ».

En l’occurrence, le voisin affable et sexagénaire chez qui le garçonnet se réfugie régulièrement quand sa mère oublie de rentrer.

L’avocate reconnaît son ancien client

L’homme s’achète un canapé et partage son tout petit appartement, qui ne comporte qu’une chambre, avec Lucas.

Ce placement dure jusqu’au 4 octobre dernier et un improbable coup de théâtre.

Ce jour-là, la mère de Lucas, décidée à réclamer un droit de visite, consulte une avocate.

La juriste montalbanaise ouvre le dossier et à la lecture du nom du voisin, elle tombe des nues.

Elle le connaît bien.

Et pour cause, elle l’a défendu aux assises en 2008 dans une affaire de « viol sur mineur de moins de 15 ans » pour lequel il a été condamné à dix ans de prison.

A aucun moment, dans le traitement du dossier de Lucas, les antécédents de cet homme n’ont été vérifiés et lui s’est bien gardé de faire mention de son lourd cassier judiciaire.

« Un trou dans la raquette »

Mediapart pointe « un trou dans la raquette » et notamment un « oubli » dans la loi dite Taquet [du nom du député Aurélien Taquet] de février 2022.

Après plusieurs scandales liés aux enfants placés, cette dernière prévoit un contrôle systématisé des casiers judiciaires de (presque) tous les intervenants de la chaîne : des assistants familiaux, rémunérés pour accueillir les enfants chez eux, aux bénévoles intervenants dans les foyers en passant par les travailleurs sociaux.

Mais pas des « tiers de confiance », qui sont, il est vrai, la plupart du temps, des membres de la famille de l’enfant.

Dans le cas de Lucas, c’est malheureusement ce voisin au lourd passé qui est passé à travers les mailles d’un filet trop lâche.

* Le prénom a été changé

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