Molières 2016 – Bescond | “C’est important de parler de pédophilie dans une société qui l’occulte”

La danseuse et comédienne Andréa Bescond évoque son molière 2016, gagné dans la catégorie “Seul(e) en scène” pour “Les Chatouilles”.

Andréa Bescond jubile. La danseuse et comédienne a gagné lundi soir le molière 2016 dans la catégorie “Seul(e) en scène” pour Les Chatouilles – La danse de la colère, qui triomphe au Théâtre du Petit Montparnasse.

Un spectacle, qui aborde par le rire, la danse et l’émotion un sujet sensible : la pédophilie, dont a été victime l’actrice (lire notre critique). Interview.

Le Point.fr – Après un large succès public, cela vous touche de gagner la reconnaissance de la profession ?

Oui, je nage dans le bohneur avec mon petit molière entre les mains. Je ne vous cache pas que j’en avais très envie, c’était important pour moi. Cela consacre un travail très précis, psychologique et exigeant que nous avons fait durant des mois avec le metteur en scène Éric Métayer. D’un point de vue personnel, c’est très important. C’est un sujet qui me touche énormement et il fallait que je le mette en scène.

Ce molière prouve qu’on peut faire un spectacle incroyable en parlant de pédophilie…

Oui. Je ne dirai jamais que cette histoire, c’est la mienne, car c’est l’histoire de tellement de gens. Beaucoup de personnes sont victimes de pédophilie et pourtant très peu de viols sont dénoncés chaque année. C’est donc important qu’on parle de pédophilie, car la société l’occulte.

Il y a un vrai problème avec la loi et la prescription des crimes de pédophilie. Voilà comment sont les choses avec un Parlement composé à grande majorité d’hommes qui ne veulent pas revenir sur cette question de la prescription. Faire ce spectacle, c’était une manière d’impacter les gens, de les sensibliser.

On imagine que vous allez beaucoup fêter ce molière…

Oui, je vais abuser sur le champagne. J’aurai peut-être la gueule de bois pour jouer ce soir au Petit Montparnasse. Mais j’ai le temps de me remettre d’ici la tournée en province l’année prochaine !

Source: http://www.lepoint.fr/