Maroc – Algérie | Qu’est-ce que les enfants zouhris ?

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Ces enfants zouhris sont recherchés et kidnappés pour être ensuite revendus aux Fkihs
Illustration | Maghreb Observateur : Old black magic book with lights on pages
On appelle enfants zouhris, au Maroc et en Algérie, des enfants présentant un morphotype et des caractéristiques bien particuliers. En effet, ce sont souvent des enfants roux aux yeux bleus ou blonds aux yeux clairs et ils doivent présenter une ligne continue qui traverse la paume de la main.

Ces enfants zouhris sont dits « Chanceux » car ils permettraient d’accomplir des miracles et en particulier de découvrir des trésors enfouis.

Ces enfants zouhris sont systématiquement recherchés et kidnappés pour être ensuite revendus aux Fkihs pour une somme allant de 1000 dirhams à 450.000 dirhams. Ils seront ensuite sacrifiés aux djinns sur l’autel de Satan dans le cadre d’un rituel censé permettre la découverte de trésors enfouis sous terre depuis des siècles. Les enfants Zouhris sont enlevés et égorgés pour faire une offrande aux djinns qui sont les gardiens des trésors. Ces djinns exigeraient une certaine quantité du sang de ces enfants pour permettre aux chercheurs de déterrer des trésors.

Ce sont des faits véridiques régulièrement jugés dans les tribunaux car ce sont bien sûr des pratiques criminelles de la sorcellerie.

La psychose s’empare maintenant de l’Algérie car dans plusieurs régions du pays ce phénomène prend des dimensions alarmantes. Les auteurs de rapts vont même plus loin encore car une fois l’enfant égorgé et son sang récupéré pour les besoins du rituel, ils vont jusqu’à extraire ses organes pour alimenter un trafic d’organes international. On est en présence, certainement, de réseaux maffieux de trafic d’organes évoluant en réseaux organisés, et pour lesquels le gain est au-dessus de toute considération humaine.

Qui sont les Fkihs Soussis ?

Selon la légende soussie, les terres, les puits et les cimetières faisaient autrefois office de « cachettes secrètes » pour la richesse de nombreuses familles car les banques n’existaient pas.

Ces personnes emportaient généralement leurs secrets dans la tombe et ces trésors disparus devenaient à jamais la propriété des Djinns.

Les Fkihs Soussis pratiquent une magie noire, très courante au Maroc, pour retrouver ces trésors. Mais pour cela ils ont besoin des enfants zouhris. Ils estiment en effet que la découverte et l’exhumation de ces trésors cachés nécessite une offrande au Djinn-gardien afin qu’il parte et abandonne le trésor. La cérémonie d’exhumation de trésors se déroule en présence de plusieurs escrocs qui viennent généralement avec un croquis indiquant la description du lieu du trésor. Les Fkihs marocains appellent l’emplacement du trésor du terme « takyéda ».

Commencent alors le rituel magique qu’ils appellent « taâzima ». C’est une sorte de pacte satanique entre le fkih et le diable. Le but est d’appeler le djinn gardien du lieu pour ensuite le chasser et avoir accès au trésor. Le rituel ce compose d’une série d’oraisons connues des seuls Fkihs Soussis. On prétend que ce sont les hébreux qui leur auraient apprises. Le djinn invoqué demande alors un enfant Zouhri en guise d’offrande. C’est à ce moment que les fkihs égorgent l’enfant sur le lieu du trésor imaginaire. La direction prise par l’écoulement du sang désigne l’emplacement exact du trésor.

Les légendes marocaines attestent de cette forme de sorcellerie. Ces « Fkihs Soussis » seraient tous originaires de la région de Souss, au Maroc. Dans les années soixante, beaucoup d’entre eux ont sillonné le sud-ouest et l’ouest de l’Algérie pour rechercher des trésors perdus. Les personnes âgées s’en souviennent encore et témoignent qu’on les appelait « ben-nas-nas ». Beaucoup de disparitions d’enfants avaient été signalées à cette époque, dont nombreux présentaient les caractéristiques des « enfants Zouhris ».

Une affaire récente de rapt d’enfant : Hamani Yacine

Le 21 septembre 2016, les services de sécurité de Tissemsilt retrouvent Hamani Yacine, âgé de 9 ans. Huit personnes ont été arrêtées dont quatre membres de la famille de l’enfant.

Hamani Yacine avait été retrouvé, 36 heures après son enlèvement, dans une zone isolée de la commune de Sidi Abed dans un état critique. Il avait subi de nombreuses blessures à l’arme blanche sur plusieurs parties de son corps et avait une hémorragie.

Le journal El Khabar indique que l’enfant vivait chez son grand-père à Tissemsilt et qu’il avait été enlevé pour organiser des rituels visant à découvrir un trésor dans la région de Sidi Abed où vivaient ses parents.

Les personnes arrêtées sont âgées entre 27 et 64 ans. On dénombre parmi elles le père de l’enfant et son oncle. Ils ont tous été inculpés pour association de malfaiteurs et tentative d’homicide avec préméditation, de kidnapping et de torture pratiquée sur un être humain.

L’enfant avait été laissé à l’abandon dans un champ et on peut réellement le qualifier d’enfant « chanceux » car il a été découvert rapidement par les services de sécurité.

Une véritable hécatombe en Algérie et au Maroc

On peut citer les assassinats de Haroun et Ibrahim à Constantine, de Sanaa à Sebdou et de tant d’autres enfants innocents, ainsi que les tentatives avortées du rapt d’enfants à Hennaya, à Azzedine (Béni Saf), à Sidi Ahmed, dans la commune de Remchi, et la liste est encore longue.

On se rappelle qu’en mai 2008, les services de la gendarmerie de Maghnia avaient mis hors d’état de nuire un réseau de trafic international d’organes dans lequel était impliqué un Marocain, S. M., âgé de 30 ans, qui a tenté d’enlever un enfant de 2 ans à Maghnia et qui avoua, lors de son audition par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale, qu’il appartenait à un important réseau de trafic d’organes implanté à Oujda, au Maroc, où un certain Abdeljalil Amar les attendait pour transférer l’enfant dans une clinique privée.

A Bab El Assa, ville algérienne frontalière avec le Maroc, quatre enfants sont embarqués à bord d’un véhicule de type J5. Ils ont heureusement réussi à échapper à leurs ravisseurs qui se sont évaporés dans la nature. Voici les témoignages recueillis auprès des citoyens de la ville :

« Les enfants étaient certainement drogués par les malfaiteurs et devaient être conduits vers le Maroc. Profitant d’un arrêt au niveau d’une station d’essence, les enfants sont sortis du véhicule et ont pu être sauvés des mains de ces criminels qui ont pris la fuite ».

Les enfants devaient-ils être eux aussi conduits à la clinique de Oujda ? Selon D. Abdelkader, un trabendiste connu à Bab El Assa et très au fait de ce qui se passe à Oujda, « la clinique appartient à un juif, mais les enfants sont aussi enlevés pour leurs particularités physiques qu’on appelle les Zouhris que les ravisseurs vendent à des prix excessivement élevés. »

On a rapporté que plusieurs enfants de moins de six ans, portés disparus, ont été affreusement mutilés dans les régions rurales marocaines où la sorcellerie, le charlatanisme et les actes sataniques de la magie noire ont jeté l’effroi sur l’ensemble du territoire chérifien. A Adjelmous, région de Khenifra, des dizaines d’enfants ont été enlevés entre 1999 et 2003 par des adeptes de la magie noire. On a retrouvé leurs corps mutilés dans la forêt toute proche.

L’un des enfants victimes a été retrouvé, selon les témoignages, sans les yeux. Ceci corrobore la thèse selon laquelle ces enfants roux aux yeux clairs sont aussi enlevés pour leurs organes, notamment la cornée.

Source : Maghreb Observateur

 

Au Maroc, le kidnapping des «enfants zouhris» et le mythe d’«extraction des trésors»

Les affaires de disparition d’enfants au Maroc sont parfois attribuées à des faits liés à la chasse au trésor. Ainsi, à l’image de la quête du Saint Graal, des chercheurs de trésors continueraient de recourir à des pratiques sataniques, allant même jusqu’à kidnapper ou sacrifier des enfants dits «zouhris» dans leurs quêtes.

Les disparitions et les drames impliquant des enfants, ayant secoué l’opinion publique marocaine ces derniers jours, ravivent le débat sur les enfants dit «zouhris» utilisés par des charlatans dans leur chasse aux trésors enfouis.

Ainsi, au lendemain de l’affaire Naima, dont l’assassin est soupçonné d’être un fqih, une autre famille marocaine à Zagora, dont l’enfant est porté disparu depuis septembre, soupçonne un kidnapping du fait qu’il soit «zouhri». Dans des déclarations à la presse, l’oncle de l’enfant a assuré que celui-ci «a des signes dans ses mains et dans ses yeux», qui peuvent être considérés comme «signes recherchés habituellement par les chercheurs de trésors».

Des faits et des événements récurrents, par le passé, indiquent en effet que les enfants «zouhris» se distingueraient par certaines caractéristiques physiques. Selon ce que l’on sait des récits populaires, «un enfant est dit zouhri lorsqu’il dispose d’une ligne droite sur ses deux mains». Mais il existerait d’autres signes, détectés au niveau de la langue de l’enfant ou même ses yeux.

Méthodes sataniques pour extraire des trésors

La chasse aux trésors ou la quête du saint Graal n’est pas une histoire récente au Maroc. «Les textes historiques sur ce sujet sont très rares. Dans le passé, le Maroc recevait une grande quantité d’or et d’argent, et les soldats étaient payés en métaux précieux», nous déclare ce vendredi Ahmed Amlik, professeur d’histoire à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech.

«Quand les gens voulaient voyager d’une ville à l’autre, ils cachaient leurs biens et métaux précieux en les enfouissant dans la terre, de peur qu’ils ne soient volés, notamment durant les guerres fréquentes entre tribus. Certains convois avaient aussi l’habitude d’enterrer de l’argent en cas de danger», explique-t-il.

Il rappele également que «l’insécurité ou ce qu’on appelle la Siba était répandue au Maroc. Nombre de sultans étaient constamment en mouvement pour pacifier les tribus, notamment durant la période des Almoravides et les Almohades, jusqu’au debut du XXe siècle».

De ce fait, plusieurs Marocains continuent de croire que des endroits recèlent de précieux trésors. L’idée a animé Rachid, un ancien habitué de ce type d’aventures. Auprès de Yabiladi, il confirme qu’il «existe plusieurs méthodes pour extraire un trésor». «Ceux qui ne craignent pas Dieu utilisent des enfants “zouhris”. Certains les abandonnent après, vivants ou morts, tandis que d’autres les transforment en disciples pour les accompagner dans cette quête», ajoute-t-il.

«Ils peuvent aussi recourir à des femmes enceintes ou de personnes à la peau noire. Ceux qui travaillent selon des méthodes sataniques ont besoin du sang pour accomplir leurs rituels.»

Rachid

Des «zouhris» pour «remplacer» les détecteurs ?

L’ancien chasseur de trésors semble encore persuadé de leurs existences, jurant que «le Maroc et l’Afrique du Nord regorgent de ce type de butins». «Il y a même des groupes (de chasseurs de trésors, ndlr) qui mènent des recherches jour et nuit. Sans document ou de référence, ils recherchent au pif et n’atteignent que rarement leur objectifs», enchaîne-t-il. «J’ai quitté ce domaine en 2001 après une mésaventure. Ceux qui travaillent dans ce domaine, je les appelle personnellement des voleurs et des gangsters», conclut-il.

Mohamed a, lui aussi, pris part à ce genre de chasse. «Il m’est apparu clairement que cette recherche n’est que de la sorcellerie, après deux ans de chasse dans de nombreuses villes, sans succès», se remémore celui qui pratique aujourd’hui la Rokia. «Sans appareil ou indication claire, cela reste un mythe.»

Mais il va jusqu’à assurer que «le Chitan (Satan, ndlr) trompe certains», assurant que ces personnes «croient que les Djins leurs parlent à travers un enfant ou une femme pour leur indiquer que le trésor peut être extrait à condition de leur donner du sang et d’autres offrandes».

L’ancien chasseur de trésor explique aussi que ces personnes «sont convaincues qu’un enfant “zouhri” dispose d’un pouvoir et d’un sang uniques, qui lui permet de voir ce qui est caché sous la terre ou de détecter des objets de sorcellerie».

«Ces fqihs pensent sérieusement qu’ils peuvent ramener un “zouhri”, réciter du Coran et psalmodier des chants et que cela permettrait à l’enfant de leur indiquer les cachettes. En fait, ces enfants sont utilisés comme une sorte de détecteurs ou voyants.»

Mohamed, ex-chasseur de trésors

Pour cet expert en Rokia, «la majorité de ces chercheurs, qui pensent que les “zouhris” peuvent communiquer avec les Djins, ne parviennent jamais à leurs buts puisqu’ils sont tous pauvres».

Une responsabilité partagée entre l’Etat et le citoyen

C’est dire combien les mythes, la superstition et la croyance en la sorcellerie perdurent au Maroc. «Elles sont toujours omniprésentes dans notre société», affirme le psycho-sociologue et enseignant chercheur Mohssine Benzakour.

«Des personnes se rendent toujours chez les voyantes et d’autres croient en la présence d’enfants aux mains ou aux yeux ‘zouhris’ et qu’en les tuant, ils pourront extraire des trésors enfouis»

, déplore-t-il.

Le psycho-sociologue estime que «la pensée superstitieuse existe aussi chez ceux qui croient aux messages sur internet leur promettant de gagner des millions de dirhams».

Il pointe ainsi du doigt «l’argent facile, l’argent obtenu sans effort et celui récolté sans savoir», tout comme la «responsabilité de l’État». «Les gouvernements marocains ne cherchent pas à lutter contre de telles dérives. Ainsi, l’accusé dans l’affaire du meurtre de Naima, par exemple, soupçonné d’être un fqih, sera puni uniquement pour meurtre et non pas pour sorcellerie», explique-t-il.

«La pensée superstitieuse au Maroc doit être au cœur de séminaires nationaux. Nous en avons assez de telles idées. Le monde nous traite de pratiquants de sorcellerie. Nous devons créer une opinion publique qui aspire à la science et à la connaissance», déplore-t-il encore.

«Il est inconcevable de mutiler le cadavre d’un enfant au nom des mythes. Cette question constitue réellement une menace pour nos enfants et les générations futures. N’est-il pas temps de supprimer ce tabou de la pensée superstitieuse ?»

– Mohssine Benzakour

Pour le psycho-sociologue, les autorités, en plus de lutter contre ce fléau, doivent aussi sensibiliser les Marocains pour prendre des précautions contre ces charlatans.

Source : Yabiladi

 

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