Luçon | Correctionnalisation de viols incestueux pour un grand-oncle: 3 ans ferme
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 20/10/2021
- 10:15
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Jean bleu et pull rayé, cheveux blanc et dégarni, l’homme qui se présente à la barre du tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon ce lundi 18 octobre, n’a pas l’air de se rendre compte de la gravité des faits qu’on lui reproche.
Ce retraité comparaît quinze ans après les premiers crimes d’inceste dont on l’accuse.
Des viols à répétition qu’il a commis sur son petit-neveu, Aurélien*, entre ses 9 et 13 ans, et un viol commis sur sa petite-nièce, Marie*.
Cette dernière avait 16 ans quand son grand-oncle l’a violée.
Une nuit où elle dormait chez lui, il s’est introduit dans sa chambre alors qu’elle dormait, est entré tout nu dans le lit et lui a caressé le corps avant de pénétrer un doigt dans son vagin.
À l’époque, l’adolescente avait alerté ses proches sans qu’il n’y ait de suite judiciaire.
Son frère était aussi victime
C’est plusieurs années plus tard, alors que la jeune femme est âgée de 23 ans, qu’elle écrit au procureur de la République pour dénoncer ce qu’elle a subi.
Sa lettre déclenche une enquête de gendarmerie, qui révèle que le frère de Marie, Aurélien, a lui aussi subi des viols répétés pendant plusieurs années alors qu’il n’était qu’un enfant.
Les deux frère et sœur n’avaient jamais évoqué le sujet ensemble.
La mère de Marie et Aurélien vivait seule, dans le secteur de Luçon, avec ses enfants et les envoyait régulièrement chez son oncle les week-ends où elle était prise par le travail.
Le petit garçon, Aurélien, y passait plus de temps que sa sœur.
La présidente du tribunal raconte en lisant la déposition du prévenu:
« Vous dormiez dans le même lit car ça le rassurait. La première fois, vous avez dit que vous alliez lui montrer comment ça marche. Vous parlez de masturbation réciproque et de fellations réciproques »
Les viols se sont arrêtés à ses 13 ans, quand le petit-neveu a compris que ce n’était pas normal.
« Il était demandeur »
Face au tribunal, le prévenu, qui a toujours vécu seul et reconnaît une frustration sexuelle, admet les faits sans difficulté.
A plusieurs reprises il assènera, sans pour autant se remettre en question:
« Je sais que ce n’est pas bien, j’ai honte »
L’homme est décrit dans le rapport d’expertise psychiatrique comme un homme peu entouré, au « niveau socio-culturel faible, avec une sexualité pauvre, frustre et immature. »
Pour lui, c’est Aurélien, son petit-neveu, qui était « demandeur ».
Le grand-oncle déclare:
« Il était très en avance »
La juge demande:
« Est-ce qu’un enfant de 10 ans peut consciemment être d’accord pour avoir des relations sexuelles avec un homme de plus de 50 ans ? »
Le prévenu lance devant une présidente et une procureure atterrées:
« Ils auraient dû dire plus tôt qu’ils n’étaient pas d’accord ! »
« Pas une connerie, c’est un crime ! »
Cinglante, la procureure de la République martèle :
« En aucun cas, l’enfant ne pouvait consentir à ce type d’acte. À 9 ans, il ne savait absolument pas ce qu’était la sexualité et c’était la pire des façons de faire son éducation sexuelle. Ce que voulait Monsieur, c’était satisfaire ses envies sexuelles. Il le sait parfaitement puisqu’il dit que c’est une connerie. Mais ce n’est pas une connerie, c’est un crime. »
Des victimes détruites
Les deux victimes, têtes baissées, écoutent avec peine et larmes les réponses de leur bourreau.
Ils ne trouveront pas la force de témoigner à la barre.
« Détruits », ils tentent aujourd’hui de se reconstruire.
L’avocate de la victime, Maïté Genauzeau déclare:
« Ce grand-oncle qui devait être une sorte de figure paternelle pour ces enfants, se « servait » de ce dont il avait besoin. Pour lui, c’était du donnant-donnant : il leur offrait des choses, leur achetait des vêtements et les abusait. Au lieu d’être protecteur, vous avez détruit cette famille. »
Elle réclame 10 000 € de dommages et intérêt pour sa cliente.
Cinq ans de prison
Le tribunal condamne le grand-oncle à cinq ans de prison dont deux ans avec sursis, une obligation d’indemniser les victimes, une obligation de soins et une interdiction d’entrer en contact avec les victimes.
L’homme sera inscrit au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais) et devra verser 10 000 € de préjudice moral à Aurélien, et 6000 € à Marie ainsi que 600 € pour les frais de justice de la jeune femme.
* Les prénoms ont été modifiés
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