Danger en protection de l'enfance

Dénis et instrumentalisations perverses

écrit Par :

Eugénie IZARD, Hélène ROMANO

éditions :

Dunod

Code ISBN :

2100747252

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Présentation :

La protection de l’enfance, en ce début de 21ème siècle, est marquée par une régression majeure.

L’évaluation du témoignage des enfants victimes de maltraitance conclut de plus en plus souvent au déni de la réalité de ces violences.

Après la mode de l’aliénation parentale et des enfants menteurs, c’est désormais le règne des « faux souvenirs ».

Les parents protecteurs se trouvent d’emblée suspectés d’instrumentaliser leurs enfants, et les professionnels, qui soutiennent l’enfant, d’être partisans ou partiaux ; pendant que les auteurs s’érigent en victimes.

Ces dérives, qui ont évolué pendant des années de façon insidieuse, s’imposent désormais au grand jour.

Sur le terrain, dénis, instrumentalisations perverses des situations, des procédures, et référentiels professionnels biaisés, entravent considérablement la protection des enfants et le travail des intervenants.

C’est de ce constat, et de l’urgence d’en comprendre les mécanismes et les enjeux, que résulte ce livre d’alerte, co-écrit par des professionnels engagés dans le respect de l’intégrité et de la responsabilité : pour que la protection de l’enfance devienne, enfin, une réalité, et que la vie de ces enfants ne soit plus davantage fracassée.

Avec les contributions de :
Ariane BILHERAND – Édouard DURAND
Marie-Christine GRYSON-DEJEHANSART – Illel KIESER `L BAZ
Jacqueline PHELIP – Brigitte ROBILLIARD – Muriel SALMONA
Préface de Maurice BERGER

Hélène Romano: Docteur en psychopathologie clinique-HDR, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialisée dans le psychotraumatisme.

Eugénie Izard: Pédopsychiatre, présidente du REPPEA (Réseau de Professionnels pour la Protection de l’Enfance et l’Adolescence)

Cet ouvrage a été écrit par les membres du REPPEA (Réseau de Professionnels pour la Protection de l’Enfance et de l’Adolescence, www.reppea.org) sous la direction d’Hélène Romano (docteur en psychopathologie clinique et psychothérapeute spécialiste des psychotraumatismes, www.helene-romano.fr) et Eugénie Izard (pédopsychiatre).

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Nous ne pouvons qu’en conseiller la lecture à tous, et particulièrement aux professionnels de la protection de l’enfance (travailleurs des ASE, magistrats, avocats, psychothérapeutes, etc).

Il est également possible de visionner des conférences sur ces mêmes sujets ici.

Nous ne pourrons ici qu’en reproduire de courts passages.

Ainsi, Eugénie Izard a écrit (p.18) dans le sous-chapitre intitulé :

« Les phénomènes projectifs : la mère aliénante fusionnelle et l’enfant menteur » :

Nous remarquons ainsi fréquemment que dans les situations d’incestes paternels, il existe un déplacement par projection du rapport incestueux du père sur l’enfant vers la mère avec un renversement pervers des culpabilités.

La mère y est fréquemment accusée par les professionnels d’être « fusionnelle », d’entretenir des rapports asphyxiants, invasifs, aliénants et d’emprise avec son enfant, autrement dit elle est affublée d’être une mère incestuelle et on y préconise une séparation de l’enfant. (…)

J’ai examiné un certain nombre de situations dans lesquelles des intervenants et des experts ont stipulé qu’en dépit des descriptions détaillées d’abus sexuels faites par des enfants, (…) elles avaient dû être induites par la projection de fantasmes maternels inconscients (…).

Ces projections sur le parent protecteur et l’enfant aboutissent à les diaboliser et leur élimination va devenir une nécessité pour le groupe.

En justice, cette éviction sacrificielle peut se concrétiser par la mise à distance du parent protecteur au travers de mesure de placement de l’enfant en famille d’accueil ou dans l’attribution de la garde au parent maltraitant.

De même, Ariane Bilheran a écrit (p.46) dans le sous-chapitre intitulé :

« Les risques pour l’institution. »

Face à la perversion comme à la paranoïa, l’institution flanche la majeure partie du temps.

Elle prendra la défense du pervers, « bien sous tous rapports », et du paranoïaque, « victime de la machination de son ex. » (…)

En se faisant manipuler, l’institution devient un outil de destruction de la victime, en l’occurrence l’enfant, mais aussi de celui ou celle qui tente de le protéger en résistant.

De plus, l’institution sera phagocytée par des mécanismes de défense de type pervers (ex. : banalisation et/ou psychotique : déni, clivage, isolation, et, surtout, déni.

Rappelons que « l’aliénation parentale » est une pure invention (jamais acceptée par le DSM, le livre qui répertorie les maladies mentales scientifiquement prouvées et documentées) de l’américain Richard Gardner.

Cet usurpateur n’avait aucune qualification en psychologie, puisqu’il était biologiste, et il était surtout pro-pédophile, un fervent disciple d’Alfred Kinsey.

Ce concept fallacieux, interdit en 2017 par feu “le ministère des familles, de l’enfance et du droit des femmes” dans son 5ème plan de lutte et de mobilisations contre toutes les violences faites aux femmes, est un véritable cancer qui gangrène toute l’appareil d’État de la protection de l’enfance (ASE et Justice), et bien au-delà.

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On peut lire dans le sous-chapitre intitulé :

« Loi du silence, déni, absence de protection et de reconnaissance, injustice et maltraitance » :

Les enfants victimes de violences sexuelles sont, pour leur très grande majorité, contraints au silence et totalement abandonnés à leur sort, 83% dans notre enquête (enquête IVEA, 2015) déclarent n’avoir jamais été ni protégés, ni reconnus.

4% seulement des enfants victimes de violences sexuelles rapportent avoir bénéficié d’un suivi par les services de protection de l’enfance (enquête IVEA, 2015). (…)

Le peu d’enfants victimes qui révèlent ce qu’ils ont subi courent le risque de ne pas être crus, d’être mis en cause et maltraités.

Ils sont confrontés à une incompréhension de leurs souffrances et de leurs difficultés, que ce soit de la part de leur entourage et des professionnels censés les prendre en charge.

Pire, les symptômes traumatiques qu’ils présentent sont souvent utilisés pour mettre en cause leur parole.

Et lorsqu’un proche ou un professionnel protecteur les croit et essaie de les protéger, il se retrouve, lui aussi, trop souvent mis en cause et maltraité.

Le projecteur est braqué avant tout sur les victimes et leurs proches protecteurs au lieu de l’être sur les agresseurs, et nous assistons à des raisonnements organisant un déni généralisé des violences sexuelles.

Les conséquences de ce genre de situation, sur les enfants victimes et le parent protecteur, est détaillé par Hélène Romano dans le sous-chapitre intitulé :

“Effets des dérives et maltraitances institutionnelles : Les enfants victimes et le parent protecteur”, qui a notamment mis en exergue le manque de formation des intervenants :

la politique de formation des professionnels de l’enfance est dans une ahurissante situation où des sujets fondamentaux ne sont pas ou peu abordés en formation initiale :

le développement de l’enfant, son évolution langagière, sa capacité à se représenter le monde, le développement de la sexualité infantile, , ses repères au temps et à la mémorisation, ses modalités de liens aux adultes (…) processus à l’œuvre dans la dynamique de la maltraitance (ambivalence, identification à l’agresseur, emprise psychique, aliénation traumatique), et les modalités d’évaluation d’un enfant victime (!!!).

Il a pointé des dérives souvent constatées, telles que, entre autres :

des professionnels peu expérimentés s’engagent dans des prises en charge délicates et se contentent d’extrapoler pour construire une histoire qui leur semblera la plus adaptée

l’enfant et sa famille ne sont plus entendus qu’à travers des grilles d’évaluation diagnostique fondées sur des échelles ou des classifications figées et conduisant à la mise en place de cadres standardisés mais rentables au niveau comptable du temps passé à les renseigner

après des années de mesures et de procédures, les professionnels omettent toujours de demander à l’enfant ce qu’il pense de cette histoire qui est avant tout son histoire, ce qu’il ressent, ce qu’il a compris, ce qu’il souhaiterait

Le traumatisme pour le parent protecteur et son “sacrifice” par les services sociaux (exactement le cas de Mme Weiss) :

A l’extrême, le parent protecteur se trouve totalement diabolisé et invalidé et l’enfant séparé de lui avec des mesures de droits de garde accordés au parent mis en cause dans les violences ou des décisions de placement de l’enfant avec des mesures restrictives de droits de visite.

L’enfant et son parent protecteur sont alors pulvérisés dans un chaos relationnel majeur dont aucun d’eux ne sort indemnes.

La situation devient inextricable, insensée, folle :

Si l’enfant continue de se plaindre c’est inévitablement qu’il est instrumentalisé par son parent protecteur;

et s’il ne se plaint pas c’est bien la preuve qu’il n’a rien subi…

Si le parent protecteur sollicite une consultation médicale ou psychologique cela lui est reproché (“tentative d’instrumentalisation des professionnels”; “dramatisation de faits anodins”);

s’il ne le fait pas ce sont des reproches sur son “manque d’intérêt”, sa “négligence” voire sa “complicité”.

Quoiqu’il fasse le parent protecteur a tort et se trouve en faute.

Tout ce qu’il fait (et ce qu’il ne fait pas) est interprété selon les croyances à l’œuvre; et cette dynamique est renforcée par les déliaisons institutionnelles que nous avons précédemment décrites.

Il est désormais sacrifié et condamné à la vindicte de professionnels qui s’arrogent le pouvoir sur l’enfant désormais capté et captif de leurs décisions.

Terminons par un simple raisonnement logique sur lequel tout intervenant de la protection de l’enfance se doit de méditer afin de remettre en question la doxa tacite qui préside au choix faits lors de cas d’abus sexuels incestueux.

Plaçons nous dans le cas qui représente la grande majorité des situations rencontrées :

Le papa viole sa fillette, en cachette, sans que sa femme ne le sache.

A un moment donné, la petite fille en parle à sa mère.

Cette dernière porte plainte contre son mari et se sépare de lui, physiquement, dans la foulée pour protéger son enfant.

Le père nie les faits, d’autant plus qu’il a pris soin de faire attention à ne pas laisser de traces médicales (ex : se limiter à des fellations, qui sont considérées comme un viol dans le cas d’un mineur, qui par définition est incapable de consentir).

A ce point du déroulé des évènements, le « conflit familial » est évalué comme « massif » de la part de l’ASE.

Ce conflit est considéré comme néfaste pour les enfants, qui se voient placés dans un conflit de loyauté entre la mère et le père. Ce conflit de loyauté se solutionne simplement : éloigner les enfants des deux parents en ordonnant leur placement en famille d’accueil.

Cette mécanique dévastatrice est un dogme qu’il est grand temps de remettre en question.

Tout cela reste vrai tant qu’il n’y a pas de condamnation définitive en justice du dit pédophile.

Cette situation peut durer des années, du fait a minima des lenteurs de la justice, que le prédateur fasse appel, etc…

La mère protectrice se voit donc placée dans un dilemme atroce :

  • Si elle parle, l’ASE lui enlèvera ses enfants pour de longues années.
  • Si elle se tait, elle se rend complice du prédateur sexuel et devrait de fait aller en prison pour “non dénonciation de crime”.

Dans la plupart des cas, son instinct maternel de protection, sa croyance dans le « système » et « l’air du temps » la privera du bonheur de pouvoir élever elle-même ses enfants à l’abri des violences sexuelles du père abuseur.

Cet instinct n’est autre que le devoir biologique, normalement inscrit dans les tripes de toute mère digne de ce nom !

Nous comprenons mieux, comment face à ce genre de constat, certaines mères (qui en ont les moyens) en viennent hélas à des extrémités terribles, comme le fait de fuir à l’étranger avec leurs enfants, se rendant de fait coupables d’enlèvement. Elle encourent donc le risque de ne pas élever leurs enfants du tout si elles se font arrêter et vont en prison.

Il est grand temps que tous ces enfants retrouvent leur maman.