Outreau Angles Morts

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Les nombreux ouvrages publiés – une vingtaine – à propos de l’affaire judiciaire dite « d’ Outreau », qui bouscula durablement la Justice ; les innombrables articles de presse – plusieurs centaines – les documentaires télévisés français et belges : tous semblaient unanimement s’accorder dans les grandes lignes pour raconter la même histoire.

Une histoire entrée dorénavant dans l’ordinaire culturel de la République, mais qui semblait pourtant curieuse à celles et à ceux qui avaient approché les jeunes victimes ou étudié les éléments du dossier d’instruction.

Comme si, au final, l’affaire avait deux visages qui ne se ressemblaient guère.

Deux auteurs, ayant conçu les mêmes doutes, avaient mené, séparément, durant plusieurs années, de minutieuses investigations sur l’affaire et sur ce qui en avait été dit.

Ils avaient écrit nombre d’articles, puis se sont rencontrés à Rennes en 2015, au moment du dernier procès dit « Outreau 3 ».

Ce fut alors pour eux une expérience déterminante, car chaque jour, ils pouvaient mesurer l’écart surprenant entre ce qu’ils vivaient en salle d’audience et ce que les médias en rapportaient.

Les dérives dont ils furent les témoins directs s’apparentèrent à la fois à une épreuve et à un cas de conscience.

La mystification devait être dévoilée, des vérités devaient être rétablies ; les mensonges – nombreux – devaient être dénoncés, les paradoxes mis en lumière et les angles morts examinés.

Publier quelques articles ne suffisait plus: il fallait écrire un livre.

 

Peut-on enfin tourner la page de l’affaire Outreau ?

Est-il possible de le faire tant les occasions de révoquer sont nombreuses, et à tous propos ?

Tant restent tenaces les traces déposées dans nos mémoires ?

Tant reste vif le trouble qui subsiste autour de l’affaire ?

Tourner la page signifierait que tout est clair et qu’il faudrait être un odieux “révisionniste”, adepte des théories du complot, pour oser entreprendre le travail de Jacques Delivré et Jacques Cuvillier qui démontrent qu’une version quasi légendaire, un storytelling, a été instillée dans l’opinion.

Tourner la page, ce serait passer à autre chose.

Ce serait renoncer à comprendre les véritables raisons de ce scandale judiciaire, au moment même où l’un de ses principaux protagonistes devient ministre de la justice, pour réformer, dit-on, en profondeur.

Outreau, Angles Morts, analyse le fonctionnement de notre société sur les plans politique, médiatique, judiciaire, quand une majorité de Français réclament une réforme de la Justice qui pourrait s’inspirer des erreurs commises lors de l’affaire Outreau.