Lille | Une mère condamnée à du sursis pour avoir laissé ses fils violer leur sœur de 4ans

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« Comme dans un film porno »
Les agressions sexuelles, dont certaines sont des viols, vont se poursuivre pendant neuf mois. Un éducateur y mettra un terme en prévenant les autorités.

Deux frères de 10 et 13 ans ont fait « comme dans un film porno » avec leur petite sœur de 4 ans pendant plusieurs mois.

En l’apprenant, leur mère leur a « donné une fessée » puis a laissé faire. Elle était jugée ce lundi par la 5e chambre correctionnelle de Lille.

Elle est venue au tribunal sans avocat, et tout au long de son procès, M.A. (*) ne se défendra pas. C’est une femme de 37 ans d’origine guyanaise, avec une silhouette ronde et de longs cheveux finement tressés. Titulaire d’un CAP vente, elle a travaillé épisodiquement comme auxiliaire de vie. Très vite, elle s’est retrouvée seule pour élever cinq enfants : deux filles (l’aînée et la cadette), et trois garçons, dont B (*) âgé de 10 ans au moment des faits en 2016, est déficient mental.

L’éducateur de B. va donner l’alerte en entendant le petit garçon se vanter auprès d’un copain, de faire avec sa petite sœur :

« Comme dans un film porno ».

L’aîné alors âgé de 13 ans « le fait aussi des fois » pour lui montrer comment faire, mais le plus souvent, il filme les scènes où B. est acteur .

B. précise à son copain que parfois, la fillette de 4 ans pleure et se plaint d’avoir mal.

Une enquête se met en place où l’on va découvrir qu’un autre petit garçon de la fratrie, alors âgé de 6 ans, avait prévenu leur mère en lui disant que B. « a fait des trucs mal élevés » à leur petite sœur.
À la barre du tribunal, M.A. dit :

« J’étais choquée en l’apprenant. Je les ai corrigés à ma façon mais je ne savais pas qu’on pouvait porter plainte contre ses enfants ».

Elle a donné une fessée aux deux garçons incriminés et… à la petite sœur. La présidente Karine Dosio peine à lui arracher les mots :

« Pourquoi frappez-vous également votre petite fille qui est la victime ? »

La mère pleure en silence :

« B. m’avait dit que c’est elle qui voulait ».

Les agressions dont certaines sont des viols vont se poursuivre pendant neuf mois.

La juge insiste :

« Quand vous apprenez que l’éducateur a prévenu la police, vous laissez vos enfants à votre mère et votre frère, et vous partez plusieurs semaines en Guyane. »

M.A. ne répond pas. La présidente reprend :

« Vous saviez que c’était grave mais vous ne saviez pas comment faire ? ».

M.A. hoche la tête.

En partie civile, Me Sonia Bernonville, avocate désignée pour la fillette, relève les stigmates psychologiques d’une enfant qui pense qu’elle a été placée en foyer parce qu’elle a commis une faute. Le frère aîné a été condamné par le tribunal pour enfants, le cadet âgé de dix ans déclaré irresponsable. Mais eux sont restés à la maison.

La procureure Clémence Pavageau se lève :

« On aurait pu épargner à la fillette des mois de sévices si sa mère avait alerté. Elle a fait une sorte de déni au lieu de chercher de l’aide. »

Le tribunal suivra ses réquisitions. M.A. est condamnée à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation de crimes, de mauvais traitements et d’agressions sexuelles infligés à un mineur.

(*) L’anonymat préserve la victime et les auteurs mineurs.

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