Fenouillet | Il loue des gîtes et propose des fillettes

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Il se dit soulagé d’avoir été pris
Le 6 août, Kevin, 39 ans, un habitant de Fenouillet (5065 habitants), a été mis en examen pour détention et diffusion de matériel pédopornographique et pour agression sexuelle sur mineure. Sur internet, l’homme de 39 ans proposait de louer des gîtes pour abuser des fillettes de son ex.

Mardi 6 août. Un soleil radieux baigne la campagne du Lot.

Sophie*, une jeune mère de famille, bricole dans son jardin, à la sortie du bourg, quand elle croit halluciner.

Plusieurs voitures de gendarmerie viennent d’apparaître sur la petite route déserte et foncent droit vers chez elle…

Sophie jette un regard inquiet à Kevin, l’homme qui partage sa vie.

Mais contrairement à elle, l’élégant quasi quadra, la barbe poivre et sel soigneusement taillée, ne semble pas surpris.

Résigné plutôt.

Quelques instants plus tard, le gendarme qui arrive dans la cour s’adresse directement à lui :

— Vous êtes Kevin ?
— Oui.
— Veuillez nous suivre. Vous êtes placé en garde à vue pour enregistrement, détention et diffusion d’images pédopornographiques…

Sophie, que la stupeur rend muette, assiste à la suite comme dans un cauchemar.

On passe les menottes à son compagnon, on saisit son téléphone portable, sa tablette, on l’emmène…

Elle a l’impression que le sol se dérobe sous ses pieds.

Kevin, l’homme qui partage sa vie depuis six mois, un pédophile ? Elle en reste tétanisée.

Au moment de partir, en passant près d’elle, il a le temps de lui souffler quelques mots :

— Je suis désolé, c’est pour un truc qui date d’il y a deux ans…

Kevin semble vouloir minimiser ce « truc », comme il dit.

Mais les gendarmes qui l’embarquent ont l’intuition que cet homme à l’aspect inoffensif est un prédateur bien plus dangereux qu’il n’en a l’air.

Ils ne se trompent pas.

Son père, gendarme, se suicide

Sophie a connu Kevin sur Tinder au début de l’année.

Mère célibataire, élevant seule son petit garçon de 7 ans, elle se remettait alors d’une rupture douloureuse.

Lui également. Très vite, ils se sont trouvé d’autres points communs.

Comme Sophie, Kevin a un enfant – en l’occurrence une ado de 13 ans.

Comme elle, il se sent seul.

Au fil des longues discussions qui s’ensuivent, il raconte son enfance dans un quartier pavillonnaire de Fenouillet, au nord de Toulouse, et le drame qui l’a marqué à jamais : alors que Kevin n’a que 14 ans, son père, gendarme, se suicide.

Aîné de trois enfants – il a une petite sœur et un frère cadet –, le voilà promu chef de famille, un rôle qu’il assume mal.

Alors qu’il vient d’entrer au lycée, déboussolé, il se met à dealer du shit.

Une condamnation symbolique devant un juge pour mineurs suffira à le remettre dans le droit chemin, mais les études ne sont pas son fort.

Après le bac, Kevin travaille un temps dans une entreprise de sécurité ferroviaire, puis comme commercial pour un pressing de Toulouse.

Surtout, il collectionne les conquêtes.

Il ne cache rien à Sophie de son passé de séducteur.

Plutôt beau gosse, sympathique, il plaît, et passe son temps à draguer sur Internet.

Il le reconnaît d’ailleurs avec franchise : il s’est souvent comporté « comme un connard » avec les femmes, profitant de son charme pour les séduire et les manipuler sans s’y attacher.

Mais « tout cela, c’est fini », assure-t-il. À 39 ans, il se dit « prêt à repartir de zéro », à vivre une « vraie vie de couple » dans une « relation durable ».

Un compagnon idéal qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte

Au printemps dernier, il insiste pour la rencontrer.

Et leur premier rendez-vous se passe on ne peut mieux.

À tel point que le jour où il lui propose de tout plaquer pour venir la rejoindre, Sophie, touchée par sa sincérité, accepte.

Fin avril, il quitte son boulot et s’installe avec elle, dans sa grande maison isolée, à la sortie d’un village.

Depuis, tout va bien.

Non seulement Kevin se révèle un compagnon idéal qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte, mais il s’entend tout de suite avec le fils de sa compagne.

Il l’emmène à la pêche ou se balader dans les bois, joue avec lui à la pétanque, lui présente sa fille, qui est immédiatement acceptée, tant par le garçonnet que par sa mère.

La petite ado vient passer le week-end avec eux quand c’est au tour de Kevin de la garder.

Pour le reste, l’ancien don juan est devenu casanier. Il ne sort pas.

Quand Sophie part se coucher, il reste seul avec sa PlayStation.

Fin juillet, il a trouvé un boulot d’ouvrier agricole dans une ferme du coin.

Mais la pauvre Sophie va tomber de haut.

En fait, cela fait des mois que les policiers de la Brigade des mineurs, à Paris, sont sur la piste de Kevin.

En surfant sur le Web, ils sont tombés sur un site particulièrement sordide : un internaute anonyme proposait de louer des gîtes ruraux discrets pour y échanger des fillettes et abuser d’elles…

Son texte était accompagné de plusieurs photos de gamines de moins de 10 ans photographiées sous la douche dans des positions suggestives.

Simple fantasme d’obsédé sexuel ou réel trafic de mineures ?

Placé en garde à vue, il ne cherche pas à nier

Les enquêteurs parisiens, qui ne parviennent pas à identifier leur suspect, l’ont néanmoins localisé dans la région Aquitaine.

Ils transmettent le dossier aux gendarmes de la Brigade de recherche de Toulouse.

Ce sont eux qui vont mettre un nom sur le pédophile et l’interpeller le 6 août…

Placé en garde à vue, Kevin ne cherche pas à nier.

Il se dit même « soulagé » d’avoir été pris.

Mais en épluchant sa PlayStation et sa tablette, les enquêteurs découvrent qu’il ne se contentait pas d’échanger des photos à caractère pédopornographique avec d’autres individus.

Sur une vidéo qu’il a tournée lui-même, on le voit tripoter une fillette au bord d’une piscine et se masturber devant elle…

Pressé de questions, Kevin avoue que l’enfant est la fille aînée d’une certaine Mathilde*, une de ses ex.

C’est la même fillette qui est photographiée sous la douche en compagnie de sa petite sœur.

Détail écœurant : c’est la mère elle même, la fameuse Mathilde, qui lui envoyait les photos de ses gamines !

Placée à son tour en garde à vue, la jeune mère ne nie pas.

Inconscience ou débilité ?

Elle ajoute même qu’elle ne « pas où est le mal » !

De la même manière, elle trouvait « normal », dit-elle, de masturber Kevin avec les culottes de ses filles ou encore de revêtir la panoplie d’écolière qu’il lui avait achetée tout exprès sur Internet (tenue qu’il semblait procurer à chacune de ses compagnes, ou « soumises »).

À l’issue de sa garde à vue, Kevin est mis en examen pour détention et diffusion de matériel pédopornographique, mais aussi pour agression sexuelle sur mineure.

Il est écroué.

Plusieurs gîtes réservés à son nom à travers la France

En revanche, considérant sans doute que Mathilde, une pauvre femme fragile et naïve, a été manipulée, le juge la laisse en liberté sous contrôle judiciaire.

Mais ses deux filles lui ont été retirées et confiées à leur père respectif.

L’enquête n’est pas close pour autant.

Kevin, on l’a dit, proposait à d’autres pervers dans son genre de louer des gîtes pour s’y « échanger » des petites filles et abuser d’elles.

Vérification faite, il en avait effectivement réservé plusieurs à son nom à travers la France.

Reste à savoir si le pervers avait mis son projet à exécution et si ces gîtes ont bien servi à des viols pédophiles…

Dossier à suivre.

*Les prénoms ont été changés.

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