France | Un Français sur dix affirme avoir été victime d’inceste

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6,7 millions de personnes, dont 78% de femmes, affirment avoir été victimes d’inceste
photo d'une enfant au regard touchant baillonnée par la main d'un homme
« Actuellement, la loi prévoit qu’un enfant victime doit prouver qu’il n’était pas “consentant ” pour que le viol ou l’agression sexuelle incestueux soit établi ».

Selon des responsables interrogés par Le Figaro, les révélations de ces faits prennent de l’ampleur en raison des scandales sexuels.

Un sondage Ipsos pour l’association Face à l’inceste (anciennement Association internationale des victimes de l’inceste ou AIVI) a révélé qu’un Français sur dix affirme avoir été victime d’inceste, soit 6,7 millions de personnes, dont 78% de femmes.

Selon Le Figaro, ces chiffres ont triplé par rapport à 2009. Les résultats du sondage arrivent à la veille d’un point d’étape organisé par le secrétaire d’État Adrien Taquet sur son plan pour protéger les mineurs, qui prévoit notamment la mise en place d’une commission sur les violences sexuelles faites aux enfants.

Isabelle Aubry, présidente de Face à l’inceste, a déclaré au média :

« L’inceste représente les trois quarts des violences sexuelles sur mineurs et ce mot ne figure même pas dans l’intitulé ! »

« Arrêtons de noyer l’inceste dans des termes génériques; cela contribue à maintenir le tabou ».

Selon l’entourage du fonctionnaire :

« L’inceste sera bien au cœur de la commission », dont « la mise en place est imminente », mais « on ne veut pas laisser de côté certaines victimes qui n’entreraient pas dans cette définition ».

En 2009, deux millions de Français déclaraient avoir subi de l’inceste, lors d’un sondage téléphonique commandé par l’AIVI.

En 2015, ce chiffre a doublé.

Étienne Mercier, directeur du département Opinion&Santé chez Ipsos, a analysé :

« Les déclarations de vécu de situations d’inceste progressent encore fortement, une évolution probablement due en grande partie à une libération importante de la parole. Tous les scandales sexuels que l’on a connus poussent les victimes, notamment les femmes, à dire ce qui était encore indicible auparavant, en raison des ravages que peuvent provoquer ce type de révélations dans une famille».

D’après le responsable de l’Ipsos, il fallait :

« Avancer masqué » « pour être sûr de la réponse ».

Les sondés se sont vu proposer « différentes situations incestueuses » (viols, attouchements, actes d’exhibitionnisme…) et demander si elles connaissaient au moins une personne ayant vécu l’une de ces situations.

32% des Français ont donné des réponses positives, 29% d’entre eux ont avoué qu’il s’agissait d’eux-mêmes.

Isabelle Aubry, « survivante de l’inceste », se demande :

« À quand une véritable politique de prévention afin de protéger les mineurs de ce fléau de santé publique ?»

Selon elle :

« Actuellement, la loi prévoit qu’un enfant victime doit prouver qu’il n’était pas “consentant ” pour que le viol ou l’agression sexuelle incestueux soit établi. Pour un enfant qui a déjà le courage de dénoncer ce qu’il subit, s’entendre poser la question de son “consentement ” par les autorités judiciaires est d’une violence extrême ! Cela sonne comme une remise en question de sa parole. Pire, cette question induit qu’il est responsable de la situation ».

La présidente de l’association cite un cas à Saint-Malo, où un père incestueux a été condamné à huit mois avec sursis pour « atteinte sexuelle » sur sa fille de quatre ans en 2019.

«La peine prononcée montre à quel point certains juges minimisent la gravité du crime d’inceste et de ses conséquences».

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