Etats Unis | Les dérives eugénistes du milliardaire Lindberg
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- 13/12/2024
- 22:20
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Comment devient-on milliardaire ?
La question, posée en octobre 2023 par le « coach en bien-être » Jay Feldman dans un de ses podcasts consacrés à celles et ceux qui réussissent, a une réponse toute trouvée pour Greg Lindberg.
« Plus on a d’échecs dans la vie, plus on apprend », assène le quinquagénaire tout en digressant sur ses soi-disant savoirs en physique quantique.
Il ajoute, professoral et fier de lui :
« Ceux qui abandonnent ne gagnent jamais. Ceux qui gagnent n’abandonnent jamais. »
Drôle de personnage que ce « self-made man » américain trop sûr de lui pour être honnête, sous le feu des projecteurs de la justice et des médias, et à qui la devise « tout est bon pour faire de l’argent, l’argent permet de tout faire » colle bien mieux à la peau.
Une enquête fouillée, publiée le 2 décembre par Bloomberg, dévoile comment Greg Lindberg, 55 ans, a mis en place un réseau de donneuses d’ovocytes et de mères porteuses, avec la complicité de cliniques de fertilité américaines, dans le but de faire naître un maximum de bébés.
Il serait déjà père de 12 enfants, dont neuf nés ces cinq dernières années.
Problème : il promettait d’extravagantes sommes d’argent, jusqu’à 1,5 million de dollars par enfant, pour que les candidates au don d’ovocytes (dont la vente, entre 5 000 et 20 000 dollars en moyenne, est légale aux USA) et les mères porteuses acceptent de renoncer à leur droit maternel.
Lindberg voulait 50 enfants et au moins 25 femmes ont été identifiées comme victimes de ce projet fou.
Elon Musk pour modèle
L’objectif poursuivi par le magnat fait scandale.
Toujours selon l’enquête de Bloomberg, Greg Lindberg souhaitait créer une « famille blanche géante » dans une sorte d’ambition politique et nataliste obsessionnelle.
Les femmes choisies étaient toutes ou presque de taille mannequin, les cheveux blonds et les yeux clairs.
L’homme d’affaires se défend mollement sur son site Internet.
« Ma grand-mère vient d’une famille de 13 enfants, écrit-il, ce qui était la norme il y a soixante-quinze ans. Chaque enfant qui naît est un vote futur pour ce pays. Je suis d’accord avec Elon Musk, l’extinction de la population à cause d’un taux de natalité trop faible représente un risque bien plus élevé que le réchauffement climatique ».
Comment expliquer cette dérive ?
« L’Amérique nous a habitués depuis longtemps à produire ce genre de phénomène, explique Boris Manenti, auteur d’« Elon Musk, le bonimenteur » (Éd. du Rocher).
Les médias, qui ne sont plus régulés depuis des décennies sur le temps de parole de certains candidats, mais aussi le financement privé des campagnes électorales favorisent ce genre de comportement extrême.
Le cas de Greg Lindberg s’inscrit dans les pas d’Elon Musk et du courant long-termiste, avec l’idée qu’il faut renforcer la population riche et blanche pour assurer l’avenir de la planète… y compris sur Mars.
La jeunesse de Musk, élevé à Pretoria en plein apartheid sud-africain, explique en partie cette obsession.
Greg Lindberg semble lui avoir basculé dans un délire à la fois nataliste, raciste teinté de recherche de « pureté ».
Contrairement à Musk, ses affaires douteuses faites d’emprunts sur le dos de sociétés d’assurances qu’il rachetait à tour de bras, sont un échec.
Sa nouvelle société, Lifelong, tente de convaincre à base d’une pseudo-biologie quantique des bienfaits du jeûne intense, jusqu’à quatre ou cinq jours par semaine, qu’il aurait lui-même expérimenté lors de son séjour en prison.
« Quand j’ai commencé à jeûner, mes cheveux se sont remis à pousser roux à la racine », assure-t-il sans rire.
Les extrémités de ses chromosomes auraient également gagné en longueur…
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