Canala | Inceste: elle brise le silence après neuf années de souffrance

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Il est aujourd’hui en contact avec des mineurs puisqu’il est conteur dans les écoles
Un homme de 79 ans, condamné par le passé à vingt ans de prison pour de multiples viols, a récidivé. Il y a neuf ans, il a commis des attouchements sur sa petite-fille de 6 ans, à Canala.

Devant sa télévision, une émission consacrée aux violences sexuelles a fini par la convaincre de briser le silence.

Après neuf années de souffrance, une adolescente de 15 ans a dénoncé auprès de l’infirmière scolaire les agissements de son grand-père de 79 ans.

Un geste immensément courageux tant son aïeul, qui s’est présenté à la barre du tribunal correctionnel de Nouméa vendredi, est un chef de clan “respecté” de Canala.

La présidente Lise Prenel précise avant d’ouvrir le dossier:

“Elle avait peur que sa parole n’ait aucun poids contre lui”

En mai 2012, le septuagénaire agresse sexuellement sa petite-fille, alors âgée de 6 ans, en marge d’une coutume de mariage.

L’enfant ne dit rien à sa famille mais elle gardera pour toujours un traumatisme en elle.

Elle grandira avec son secret qu’elle finira par révéler au grand jour, conduisant à l’interpellation de son grand-père.

“Prédateur narcissique”

Cheveux blancs, toujours vif, l’homme feint l’amnésie quand on le presse de questions et parle d’un “temps qui a changé”:

“Avant, on pouvait faire certaines choses, mais aujourd’hui c’est différent. Je ne savais pas que les caresses étaient interdites.”

La magistrate lève les yeux au ciel:

“Mettre la main dans la culotte d’une enfant, cela a toujours été interdit. Et l’excuse de la main qui glisse involontairement, ce n’est pas crédible.”

Dans le déni, le septuagénaire en viendrait presque à accuser sa petite-fille.

L’adolescente, très émue répond:

“Ça me fait mal d’entendre que je suis une menteuse, j’aimerais oublier ce qui s’est passé mais je n’y arrive pas. Ça reste, c’est gravé.”

Elle a dénoncé les abus de son grand-père pour “protéger ses cousines et les autres enfants”.
La personnalité et le passé du prévenu font frémir le tribunal.

Considéré par l’expert-psychiatre comme un “prédateur narcissique et charmeur” à “tendance pédophile”, l’homme a passé une partie de sa vie derrière les barreaux.

Condamné à vingt ans de réclusion criminelle par la cour d’assises pour de multiples viols, le septuagénaire était ressorti libre en 2010.

Deux ans plus tard, il s’attaquait à sa petite-fille de 6 ans.

Plus inquiétant encore, il est aujourd’hui en contact avec des mineurs puisqu’il est conteur dans les écoles et les tribus de la province Nord.

L’accusé se défend:

“Je dis aux enfants de se tenir loin de moi quand je récite les contes”

Son avocate, Me Alexe-Sandra Vu, regrette que le septuagénaire n’ait “jamais été aidé, encadré ni soigné”.

Une personnalité “hors norme”, décrit le procureur Dominique Luigi, s’alarmant qu’il soit “encore dangereux”, qu’il ne prenne “toujours pas conscience du mal qu’il a fait” et qu’il “continue de côtoyer des enfants”.
Désormais lycéenne, la victime est suivie par deux psychologues.

Me Claire Levieil insiste:

 “Les conséquences sont dramatiques”

Suivant les réquisitions du procureur, le tribunal a sanctionné le grand-père de quatre ans de prison ferme, lui interdisant définitivement toute activité en lien avec des mineurs.

La juridiction n’a pas décerné de mandat de dépôt, il sera donc prochainement convoqué devant le juge d’application des peines.

La peine n’étant pas aménageable, le septuagénaire sera bientôt incarcéré.

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