Témoignage | Jean-Luc Désormeaux se libère de son lourd secret
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 11/05/2017
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Jean-Luc Désormeaux a attendu vingt ans avant d’en parler, mais aujourd’hui il se sent plus solide que jamais pour aborder le sujet.
Dans une entrevue émotive, le Jérômien a décidé de s’ouvrir sur les agressions sexuelles qu’il a subies pendant plus de trois ans lorsqu’il était enfant. Il le fait pour lui, mais surtout pour inciter les victimes à en parler.
«J’avais besoin de me libérer de ça, j’avais besoin que ça sorte», a-t-il confié dès le début de l’entrevue.
Les abus sexuels ont débuté alors qu’il avait à peine 7 ans. «Au début, c’était seulement un jeu. On jouait à la cachette, au tirage de poil. Ce n’était rien de sérieux, c’était des gestes innocents. Il me faisait sentir important, spécial. J’avais vraiment confiance en lui et il en a profité», raconte calmement l’homme de 35 ans impliqué dans le sport à Saint-Jérôme depuis plusieurs années.
Vers la fin, Jean-Luc a subi des abus complets. «Ça s’est rendu jusqu’au bout», dira le père de deux enfants. Les agressions ont arrêté lorsqu’il a déménagé.
Le trentenaire ne veut pas identifier l’agresseur. Durant l’entretien, il mentionnera seulement que c’était un homme du voisinage.
«Un grand vide»
Ce lourd secret, il l’a porté pendant de nombreuses années avant d’en parler pour la première fois, il y a 5 ans, à son ex-copine, la mère de ses enfants. Celui qui s’est séparé récemment a ensuite tout dit à ses parents et ses frères. «J’ai eu un sentiment de honte toute ma vie. J’ai tout le temps eu un grand vide. Il fallait que je brise mes chaînes pour que j’avance. Je me devais de reprendre ma vie en main», affirme-t-il.
Pendant plusieurs années, Jean-Luc s’est donné sans réserve dans le sexe, le baseball, les voyages. «Tout ce que je faisais, je le faisais à l’extrême. Je cherchais à fuir», analyse-t-il.
Le sportif a fait plusieurs dépressions et a tenté de s’enlever la vie à deux reprises. «En sachant ce qui m’est arrivé, les gens vont apprendre à savoir qui je suis vraiment et pourquoi je suis passé par tant d’épreuves», croit-il. Encore aujourd’hui, des membres de sa famille ne savent rien sur ce qu’il a vécu.
«Je ne lui pardonnerai jamais»
Si sa sortie publique fait partie d’une démarche qu’il a entamée, il y a quelques mois, elle vise également à donner le goût aux victimes de sortir de l’ombre.
«Je ne suis pas là pour sauver les gens à qui c’est arrivé. Mais, j’aimerais que mon message donne envie à quelqu’un de se libérer de ce poids-là. En tant que sportif, c’est tabou de dire qu’on a subi des abus sexuels, mais ça arrive plus qu’on pense. Il n’y a pas assez de gens qui parlent», affirme celui qui est ouvert à écouter les victimes d’agressions sexuelles si elles désirent parler.
Malgré les années, Jean-Luc n’a pas pardonné et ne pardonnera jamais à son agresseur. «Je ne lui pardonnerais jamais, prononce-t-il en essuyant quelques larmes. Tu ne peux pas faire ça à un enfant. Il m’a arraché une partie de moi».
Après un silence chargé d’émotion, il poursuit: «C’est clair que si je pouvais effacer ça, je le ferais. Mais, je suis fier de ce que je suis devenu. Je suis un bon papa, j’ai un bon travail, j’ai mis sur pied une équipe de baseball qui va mieux que jamais. J’ai accompli beaucoup de choses».
Amasser des fonds
Jean-Luc Désormeaux souhaite soutenir les organismes qui viennent en aide aux victimes d’agressions sexuelles. À sa dernière année comme joueur dans la Ligue de baseball majeur du Québec, il a communiqué avec les équipes du circuit pour amasser des fonds pour ces organismes.
Lors de la visite d’un club d’Ottawa le 15 juin à Saint-Jérôme, des fonds seront récoltés pour le Centre d’entraide et de traitement des agressions sexuelles (CETAS).
Des sous seront également amassés lors de la visite du Royal dans différentes villes du circuit. En plus de récolter de l’argent, le sportif souhaite donner de la visibilité à ces organismes.
Source: journallenord.com
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