Alençon | A 20 ans, elle prend un an ferme pour proxénétisme aggravé

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« Au lieu d’aller au collège, elles allaient tapiner »
Quatre mineures, ont été prostituées par une femme de 19 ans à Alençon. Deux clients âgés de 44 et 20 ans ont été condamnés le 28 mai 2024 et n’ont écopé que de 750 Euros d’amende chacun.

Le signalement d’un établissement scolaire déclenche, en novembre 2022, cette enquête au long cours du commissariat d’Alençon, diligentée par le parquet.

Après des investigations de plusieurs mois, une femme de 19 ans est identifiée comme étant proxénète de ces quatre jeunes filles.

L’enquête, et notamment des entretiens avec les jeunes filles, permet également de confondre des clients, dont les deux hommes jugés hier.

Les avocats des victimes ont sollicité un huis clos pour respecter l’intimité des leurs clients.

Une demande acceptée par le tribunal.

Un présumé complice a été relaxé.

Proxénétisme aggravé

Une femme de 20 ans était poursuivie pour avoir aidé, assisté et protégé à la prostitution de plusieurs jeunes femmes,  âgées de 13, 14, 17 et 18 ans entre le 1er juillet 2022 et 30 mai 2023 à Alençon.

Un homme de 41 ans, absent au moment de l’audience, était accusé d’avoir prêté son appartement durant cette même période.

Dans ce dossier, deux associations, Agir contre la prostitution des enfants et Équipes d’action contre le proxénétisme, se sont constituées partie civile.

À l’issue d’une longue audience de quatre heures à huis clos, le Ministère Public, représenté par Amandine Bogaert, a requis deux ans de prison, dont un an ferme, pour la jeune femme et un an de prison pour l’homme tandis que les avocats de la défense ont plaidé la relaxe.

Aussitôt emmenée en prison

Après un délibéré d’une heure, le tribunal a relaxé l’homme mis en cause pour avoir prêté son appartement et a condamné la femme de 20 ans à un an et demi de prison avec mandat de dépôt, suivi de dix-huit mois de prison avec sursis.

À l’annonce de cette condamnation, la jeune femme est restée sous le choc tandis que des policiers l’escortaient vers le centre pénitentiaire de Caen-Ifs pour sa première nuit en prison.

« Tant qu’il y aura des clients, il y aura de la prostitution »

Les deux clients âgés de 44 et 20 ans ont été condamnés le 28 mai 2024 et n’ont écopé que de 750 Euros d’amende chacun.

« Au lieu d’aller au collège, elles allaient tapiner. »

Les mots de la vice procureure Hélène Tardif sont forts, devant le tribunal de police, hier.

Mais c’est pour que le prévenu présent comprenne bien que

« tant qu’il y aura des clients, il y aura de la prostitution ».

L’Ornais de 44 ans ainsi qu’un Malien de 20 ans absent à l’audience étaient jugés pour avoir eu des relations sexuelles tarifées avec les jeunes filles.

Devant la juge Hélène Pauty, le quadragénaire rougit de honte :

« Si je pouvais revenir en arrière, je le ferais. »

Le site de discussion en ligne coco.gg sert d’intermédiaire

L’homme entrait en contact avec une dénommée « Amy » – la femme accusée de proxénétisme –, par l’intermédiaire du site de discussion en ligne coco.gg , site internet régulièrement surveillé par les enquêteurs français car pouvant servir de zone de chasse à des prédateurs sexuels.

« Amy » mettait ensuite le client en relation avec les prostituées, en indiquant la prestation et le tarif, variant entre 60 € les vingt minutes, à 150 €

« Pour se faire lécher les pieds, précise la parquetière. Ces filles étaient conduites jusque dans les appartements, sans jamais savoir où elles allaient ni ce qu’elles allaient faire ».

Les jeunes femmes indiquaient aux clients avoir plus de 18 ans.

Et ces derniers assurent qu’ils n’étaient pas au courant de leur minorité réelle.

Ils ne sont pas jugés pour le délit de recours à la prostitution de mineure de moins de 15 ans :

« Je ne suis pas en capacité de prouver que vous saviez qu’elles avaient moins de 15 ans », regrette la magistrate.

Elle ne manque pourtant pas de montrer au prévenu présent les photos des jeunes filles, au naturel, sans maquillage ni tenue les sexualisant.

« Vous leur donneriez quel âge ? » L’homme le reconnaît : « Pas majeures. »

Hélène Tardif enfonce le clou :

« L’une des filles a dit aux policiers “faire l’amour h 24, j’en vomissais”. Et comme elle pouvait se faire 700 € par jour, je peux le comprendre. »

750 € d’amende

Elle requiert 1 500 € d’amende à son encontre, 1 000 € et 70 heures de travail d’intérêt général à l’encontre du jeune Malien.

La peine est moins lourde : ils écopent tous deux de 750 € d’amende.

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