Pour Pierre Debuisson, avocat d’Olivier A., cité par Le Monde, « cette accumulation de plaintes et la libération de la parole de ces victimes, trop longtemps muselée, fissure une omerta jusqu’à présent très solide ».
Témoignages
Le quotidien relaye plusieurs témoignages.
Grégory C., 46 ans, raconte avoir subi des violences sexuelles, des «caresses» et des «fellations», de la part de Daniel Moyne de ses 13 ans à sa majorité.
Il dit «garder en tête des « scènes “violentes” de sodomie».
Olivier L., 55 ans, évoque une fellation non consentie imposée par Daniel Moyne, alors qu’il avait entre 17 et 19 ans. Laurent A., frère d’Olivier A., décrit une agression sexuelle que lui aurait fait subir Daniel Moyne l’année de ses 11 ans.
Un quatrième homme affirme qu’à 19 ans, après avoir fait une demande de stage chez Glem, la société de production de Gérard Louvin, Daniel Moyne lui aurait demandé des faveurs sexuelles en échange.
Ce dernier lui aurait aussi mis la « main au paquet».
Via leur avocate Céline Bekerman, le couple Louvin-Moyne dément les accusations :
« Nous nous battrons jusqu’au bout afin de prouver notre innocence et mettre ces esprits malveillants et envieux face à leurs contradictions. »
Face aux policiers, Daniel Moyne et son compagnon avaient d’abord nié tout rapport sexuel avec les deux jeunes hommes.
Avant de reconnaitre « a minima » les faits.
Ce sont désormais plusieurs hommes qui accusent Gérard Louvin et son mari Daniel Moyne de viols et d’agressions sexuelles, des faits qui se seraient produits dans les années 1980 et 1990 lorsque tous les plaignants étaient mineurs.
Après le neveu du producteur français, Olivier A., qui a porté plainte le 8 janvier dernier contre le couple pour «viols sur mineur de moins de 15 ans par ascendant», «complicité de viols sur mineur de moins de 15 ans par ascendant» et «corruption de mineurs», le journal «Le Monde» révèle ce mardi 9 février 2021 que «quatre autres hommes ont déposé des plaintes par le biais du même avocat (…) dénonçant des agressions sexuelles et des viols et mettant en cause le couple Louvin-Moyne.
Les différents témoignages et éléments recueillis par Le Monde dessinent un système au schéma répétitif, ayant concerné plusieurs jeunes garçons dont certains ont accepté de témoigner».
Outre les quatre nouvelles plaintes, le témoignage d’un autre homme, qui avait été «entendu par la police en juin 2014», et qui avait «déjà confirmé les accusations d’Olivier A.», affirme lui aussi avoir subi les «mêmes actes que le neveu» de Gérard Louvin.
Ami d’Olivier A., Thomas dit avoir subi des masturbations et des fellations de la part de Daniel Moyne dans les années 1980, lorsqu’il avait 13 ans. Puis ce serait Gérard Louvin qui aurait commencé à le violer vers ses 15 ans. Selon Olivier A., Gérard Louvin et Daniel Moyne lui demandaient «régulièrement d’inviter des copains chez eux», et c’est ainsi qu’ils auraient attiré Thomas.
«J’ai compris plus tard qu’ils se servaient de moi comme d’un rabatteur», a confié Olivier A. au «Monde».
“C’est un cheminement de manipulation de l’affect”
Thomas n’a pas porté plainte contre le couple Louvin-Moyne, contrairement aux quatre autres hommes qui ont aussi partagé leurs témoignages avec «Le Monde».
Le premier plaignant est Grégory C., un homme aujourd’hui âgé de 46 ans qui se dit «brisé par les viols» qu’il a subis de la part de Daniel Moyne de ses 13 ans jusqu’à ses 19 ans.
A l’époque, il aurait été amadoué par Moyne (présenté lors d’un dîner chez la famille d’un ami d’école) à un moment de grande vulnérabilité, lorsque son père est décédé.
Des années après les viols, il affirme qu’il garde en tête des «scènes violentes de sodomie», des traumatismes qui «lui pourrissent encore la vie», écrivent nos confrères.
«Pour moi, Daniel, c’était devenu mon père de substitution et s’il fallait accepter de se faire sodomiser pour garder mon père de substitution, ce qu’il avait tout à fait compris, je l’ai fait, j’ai accepté.
C’est un cheminement de manipulation de l’affect», a-t-il dit. Selon lui, il aurait aussi assisté à des scènes «impliquant Gérard Louvin et de jeunes garçons».
Le deuxième plaignant est Olivier L., un comédien de 55 ans qui dénonce des abus qui auraient eu lieu dans les années 1980 lorsqu’il avait «entre 17 et 19 ans» de la part de Daniel Moyne.
Ce dernier «travaillait alors chez le groupe de médias Filipacchi et lui avait fait faire quelques photos de mannequinat pour les magazines OK !», l’invitant un jour chez lui.
«Il m’a allongé sur son lit, a voulu que je lui fasse une fellation, je n’ai pas voulu, il a insisté, j’ai commencé à m’exécuter et me suis arrêté par les haut-le-cœur que me donnait son odeur corporelle», a-t-il confié.
Le troisième homme ayant porté plainte est le petit frère d’Olivier A., Laurent A.
Celui-ci dénonce une agression sexuelle de la part de Daniel Moyne qui lui aurait, selon sa plainte, «caressé le corps et particulièrement le sexe, alors qu’ils étaient au domicile (du producteur) à Sèvres, et qu’il se trouvait notamment dans la baignoire», alors que Laurent A. avait 11 ans.
Devant la réprobation de l’enfant, le mari de son oncle Gérard Louvin ne serait pas allé plus loin, a-t-il dit.
Des relations “consenties”
Enfin, le quatrième plaignant est un homme cité par le prénom Alexis.
Celui-ci raconte avoir sollicité une demande de stage chez Glem, la société de production du couple Louvin-Moyne, dans les années 1990 lorsqu’il avait 19 ans. Daniel Moyne lui «aurait demandé en échange des faveurs sexuelles».
Puis Alexis aurait subi quelques jours plus tard «une main au paquet alors que j’étais avec mes micros. (Il) a fait son geste, m’a souri, puis s’est barré. Trente ans après, ce geste me marque encore», a-t-il dit.
Contactés par «Le Monde», les avocats de Gérard Louvin et Daniel Moyne ont réfuté toutes ces nouvelles accusations. Gérard Louvin a dénoncé «des ragots tout aussi hallucinants que malveillants» et se «demande si nous ne sommes pas en train de faire le procès de l’homosexualité». Il a toutefois reconnu des relations «consenties» avec Thomas, après avoir dans un premier temps nié tout rapport sexuel avec lui il y a plusieurs années. «J’ai eu de brèves relations avec (Thomas), le temps d’un été. Des relations totalement voulues et consenties. Cela ne choque personne lorsque de telles relations interviennent dans des couples hétérosexuels. Est-ce qu’on m’aurait posé les mêmes questions, fait les mêmes allusions, si j’avais été une femme ?», s’est-il insurgé.
Lors de précédentes auditions libres avec la police en 2015, Daniel Moyne avait pour sa part fini par reconnaître des relations sexuelles avec Olivier A., révèle «Le Monde». «Il dit ne plus se souvenir vraiment de l’âge du neveu de Gérard Louvin à l’époque, mais estime qu’il devait avoir la majorité sexuelle, soit plus de 15 ans. Olivier A. affirme qu’il avait “10-11 ans” quand les premiers viols ont commencé. Les deux producteurs assurent que les relations étaient consenties, quand bien même Olivier A. et Thomas ont déclaré aux enquêteurs n’avoir jamais ressenti de désirs homosexuels», écrivent nos confrères.
Président de l’association “Enfants d’Asie”
A noter également et comme le rapporte le quotidien, le producteur avait dû quitter la présidence de l’association Enfants d’Asie, “à la demande des membres du conseil d’administration” en raison de “rumeurs tenaces de pédophilie“.
Gérard Louvin a donc abandonné son engagement deux ans seulement après avoir été nommé à la tête d’Enfants d’Asie, au sein de laquelle il s’était engagé de 1995 à 1997.
Comme le rappelle Le Monde, le producteur avait d’ailleurs adopté un petit garçon cambodgien en 1992.
Adoption d’un enfant cambodgien
En 1992, l’enfant est alors âgé de six ans à son arrivée en France.
Comme le révèle Le Monde, l’enfant avait été auditionné le 25 mai 2014, des années après la démission de Gérard Louvin à la présidence de l’association Enfants d’Asie après des « rumeurs » de pédophilie.
Face à un policier qui lui demandait alors s’il avait été « abusé par son père », le fils adoptif de Gérard Louvin aurait donné une réponse particulièrement troublante, comme le révèle Le Monde :
« Le jeune homme a déclaré, en substance, qu’il avait rêvé que son père Gérard Louvin lui avait caressé le corps et le sexe quand il dormait, qu’il en avait été traumatisé le lendemain mais qu’il ne savait plus s’il s’agissait d’un rêve ou de la réalité. »
Finalement, l’information judiciaire autour des soupçons de violences sexuelles sur le fils adoptif de Gérard Louvin s’est conclue sur un non-lieu.
Contacté par Le Monde, le parquet de Paris « n’a pas souhaité communiquer les raisons de cette décision. »
Sources :
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Paris Match