La Réunion | Après 10 ans d’instruction, un quinquagénaire prend 9 ans de prison pour avoir violé deux des enfants de son ex-compagne dans les années 90

Maitres Karim Oudy et Sophie Behanzin, avocats de la partie civile

Accusé du viol de deux des enfants de son ex-concubine à la fin des années 90, JF.F. un quinquagénaire originaire de Saint-Joseph, nie formellement les faits et parle de complot. Mais sa ligne de défense s’effrite au fil des auditions…

“Ils mentent.

Ils mentent tous les deux.

C’est un complot”.

JF.F. n’en démord pas.

“Je n’ai jamais violé ces enfants.

Je ne comprends pas pourquoi ils disent cela”, soutient encore le quinquagénaire.

Une position qu’il maintient depuis le début de la procédure.

Des déclarations crédibles en début d’audience, mais qui vont vite s’effilocher au fil des auditions.

Fin avril 2007, W.F. un adolescent de 16 ans est un enfant turbulent, mais surtout agressif.

À cette époque, il lui arrive souvent de s’en prendre verbalement voire physiquement à sa mère.

C’est lors de l’une de ces violences, que le jeune homme est prit à partie par son frère aîné.

“Il m’a lancé que je n’étais pas là lorsque JF.F. l’a violé.

Je suis resté sans voix.

Après, c’est moi qui ai dit à ma mère d’aller à la police”, explique le quadragénaire en visioconférence.

Le 2 mai 2007, en compagnie de sa mère, l’adolescent se rend à la brigade des mineurs de Paris.

Il expliquait que les faits se seraient déroulés dans le courant de l’année 1998 alors qu’il se trouvait à La Réunion au Tampon.

Entendue à son tour, la mère de famille confirmait sa relation de quelques mois avec JF.F. entre 1997 et 1998.

Quelques jours plus tard, c’est la sœ“ur de la victime qui vient déposer.

Devant les enquêteurs, la jeune femme craque.

Elle explique qu’elle aussi a subi les agressions de JF.F.

Des faits qui se seraient déroulés non seulement à La Réunion, mais aussi à Paris.

Le 24 mai 2010, JF.F. est placé en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Saint-Leu.

Interrogé, il conteste formellement les faits, parlant de complot.

Une thèse qu’il va maintenir envers et contre tout.

“On a du mal à vous croire, constate le président Szysz.

On ne comprend pas comment ces deux enfants auraient pu faire un complot près de 10 ans après les agressions”.

Et c’est bien là la principale faille de sa défense avec sa stratégie d’évitement et de mensonges.

Quelques heures après sa garde à vue, il fait une pseudo tentative de suicide, renouvelée quelques jours plus tard.

Des tentatives de suicide, où il est toujours accompagné et en prenant soin de prévenir les gendarmes.

“Cela fait 10 ans qu’ils subissent cette procédure.

Aujourd’hui, ils sont devant vous, sans esprit de haine ni de désir de vengeance”, attaque Me Sophie Behanzin.

“Très souvent, il faut du temps aux victimes pour pouvoir libérer leur parole.

Et très souvent, il faut un élément extérieur pour qu’ils puissent parler.

Il n’y a aucune concertation.

Il n’y a pas de complot.

Ils racontent les faits comme ils les ont vécus”, soutient encore l’avocate parisienne.

“Ce ne sont pas des enfants menteurs, alors que lui, c’est un affabulateur.

Même sa famille le dit.

Aujourd’hui, la honte a changé de camp.

Maintenant, la honte est du côté de l’accusé.

Pas chez les victimes”, termine Me Behanzin.

Son confrère et associé, Me Karim Oudy va plaider les errements de l’accusé.

“Depuis le début, il est dans l’évitement.

Dans ce dossier, la sincérité est du côté des victimes.

Le menteur, c’est lui.

Pas les victimes”, conclut le conseil.

 

L’avocat général Patrice Cambérou:

“C’est vrai que dans ce dossier, la Justice a été longue et lente.

Je suis totalement convaincu de sa culpabilité”, attaque le représentant de la société.

“Dans ce dossier, nous avons des marqueurs temps qui démontrent la véracité des déclarations des victimes.

Lui, par contre, c’est un véritable affabulateur, un manipulateur.

Il ment à la barre.

Il nous dit tout et son contraire en une phrase.”

“La thèse du complot ne tient pas”, affirme encore le magistrat en expliquant aussi pourquoi le parquet de Saint-Pierre avait requis une requalification en agressions sexuelles.

Une divergence du parquet dans laquelle l’avocat de la défense ne manquera pas de s’engouffrer.

“Y a-t-il eu pénétrations sexuelles ?

Oui, je le pense.

Les deux victimes donnent des détails qui ne s’inventent pas.

Lui, il se pose en victime.

Il n’a aucune empathie.

Il nie.

Il ment.

Je suis inquiet sur sa personnalité”, termine-t-il en requérant 12 années de réclusion criminelle.

“On ne juge pas quelqu’un sur son apparence et sa rigidité”, attaque Me Bruno Raffi en s’étonnant des points de vue différents des deux parquets.

“Il n’y a aucun vrai témoin.

On vous requiert 12 années de réclusion sur un dossier vide.

En réalité, on ne sait rien de cette affaire.

Depuis hier, on entend tout et son contraire.

On ne peut rapporter aucune preuve de la culpabilité de mon client.

J’ai l’intime conviction qu’il n’est pas celui que l’on veut bien vous décrire.

Je plaide que vous le jugiez innocent parce qu’il y a de nombreux doutes dans cette affaire”, termine Me Raffi.

Après une heure de délibération, JF.F. a été condamné à 9 ans d’emprisonnement.

Source : Clicanoo & Clicanoo 

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