Belfort | Images pédopornographiques , deux ans de prison !

C’est un dossier atypique, soulignait Me Quenot, mercredi, au tribunal correctionnel. Son client, Maurice Faivre-Vuillin, comparaissait pour détention et diffusion d’image à caractère pédopornographique, et corruption de mineur.

Atypique, parce que, à la barre, assis sur une chaise en raison de problème de santé, le tribunal a face à lui un homme 65 ans qui a commis des actes répréhensibles, et qui les reconnaît sans difficulté. Mais c’est aussi un homme qui souffre de ses pulsions au point de vouloir en mourir : il a déjà fait plusieurs tentatives de suicide.

Maurice Faivre-Vuillin a été interpellé le 27 août 2014. Il figure parmi les utilisateurs d’un réseau international d’images pornographiques touchant des mineurs qui vient d’être démantelé. Il a déjà été condamné pour ces motifs. En 1990 puis en 2011 pour captation d’images (six mois avec sursis) et en 2013 pour agression sexuelle (deux ans avec sursis).

Le boulanger en retraite le reconnaît. Oui, il a des tendances pédophiles. Et oui, il sait que c’est interdit. Mais c’est plus fort que lui.

« Je sais que c’est difficile à entendre, mais ces enfants, sur les photos, ils ne semblent pas perturbés. »

Les très jeunes enfants ne l’intéressent pas. Les ados non plus. C’est plutôt la tranche d’âge pré pubère, 10, 11, 12 ans. Et le plus inquiétant, c’est que le sexagénaire était entouré d’enfants du quartier. Tout le monde adorait « Momo », qui était très généreux.

D’ailleurs, lors de perquisitions, les policiers ont noté que tout tournait autour des enfants dans la maison. Beaucoup de jeux, de jouets. Mais lors de nombreuses auditions de ces gamins, aucun ne l’a accusé de quoi que ce soit. Juste de gentillesse et de générosité.

Parmi eux, un jeune semble plus proche. M. Faivre-Vuillin le couvre de cadeaux. Lors de l’audition, l’ado soulignera que le prévenu lui a proposé « de lui rouler une pelle et de lui faire une fellation ». Proposition refusée, ça s’est arrêté là.

« Resté bloqué à l’enfance »

D’après les différentes expertises psychiatriques et psychologiques, le prévenu possède bien des tendances pédophiles. A chaque fois qu’il a été suivi, il n’a plus honoré ses rendez-vous au bout d’un moment, « J’ai l’impression que ça ne sert pas à grand-chose. »

Et lorsque le président Frey lui demande s’il pense qu’il pourrait récidiver, lui-même avoue qu’il n’en sait rien.

« Il dit subir cette vie », plaide Me Quenot.

« Quand j’ai pris ce dossier, j’ai eu envie de comprendre les causes de ce basculement dans la pédophilie. » Quand le sexagénaire raconte sa vie, il explique avoir vécu deux histoires d’amour marquantes, traumatisantes. Une des jeunes filles a déménagé, l’autre est décédée. « Sa vie commence vers 7 ans, et s’arrête à 15 ans. Il est resté bloqué à cette enfance. »

Le procureur, qui parle de pervers, un « geek de la cyber-pédopornographie », de prédateur, de dangerosité sociale importante, requiert deux ans de prison, avec interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs, un suivi socio judiciaire avec obligation de soins, une interdiction de déplacement à l’étranger et une inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV).

Ces réquisitions ont été suivies par le tribunal.

Source : http://www.estrepublicain.fr