Saint Omer | En appel pour viols, un octogénaire prend dix ans
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 05/12/2025
- 19:23
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Les faits se sont déroulés durant l’année scolaire 2004-2005. Manon* était « une petite blonde pleine de joie de vivre à l’idée d’entrer en classe de CP ».
Dix ans de prison
La cour d’assises d’appel de Saint-Omer a rejugé durant trois jours un homme aujourd’hui âgé de 82 ans.
Il est accusé de faits de viols répétés sur mineure, commis durant l’année scolaire 2004/2005.
Le retraité avait alors proposé à la maman de la jeune victime de garder la fillette avant de l’emmener à l’école. L’année dernière, la cour d’assises de Douai l’avait condamné à 9 ans de prison.
Celle de Saint-Omer a été plus sévère ce mardi en condamnant René Geus à 10 ans de réclusion criminelle.
Cette dernière journée est visiblement pénible pour cette jeune femme de 28 ans, tremblant parfois, encore, au rappel des faits, et soutenue par une douzaine de proches.
L’accusé, masque sur la bouche, arrivé en fauteuil roulant poussé par un ambulancier, semble pour sa part écrasé par un poids invisible.
« Une poupée en chair et en os »
Pour la partie civile, rappelant l’avis du psychologue, l’accusé a besoin qu’on lui rappelle la loi.
« Ma cliente attend ce rappel à la loi, ferme, lance d’abord Me Florence Sturbois-Meilhac. Et s’il y a un menteur dans cette enceinte, ce n’est pas ma cliente. »
Elle rappelle que c’est René Geus qui a proposé à l’époque à sa maman de garder la fillette avant et après l’école.
« Il y trouvait son compte, et l’utilisait comme un objet sexuel quasi quotidiennement, assène-t-elle. Lui qui collectionnait les poupées, il a trouvé sa poupée, en chair et en os. Comme une poupée d’ailleurs, il lui faisait fermer les yeux et ouvrir la bouche. Aujourd’hui, c’est un vieux monsieur, mais c’est elle qu’il faut protéger en le condamnant et en le sanctionnant. »
Un risque de récidive ?
Après avoir évoqué le contexte de révélation des faits, la santé mentale et physique altérée de la victime, Carole Gonzalez, avocate générale, estime que les déclarations de la victime ont été constantes et circonstanciées.
« Elle avait 6 ans à l’époque et ne pouvait être consentante, souffle-t-elle, et donc 54 ans séparaient la fillette de son voisin de palier. Le fait qu’une personne ayant autorité a exercé une contrainte morale forte et un chantage odieux est une circonstance aggravante de sa culpabilité. »
Le ministère public ne croit pas une seconde à « un scénario vengeur de la jeune femme, un complot qu’elle aurait monté lorsqu’elle était au collège, ce n’est pas sérieux », lâche-t-elle.
Puis, s’adressant aux jurés, elle leur redit que la peine doit être estimée en fonction de la gravité des faits et de la personnalité de l’auteur.
« Il n’assume rien, insiste-t-elle, et cette position de déni inquiète. Même s’il est âgé, le risque de récidive existe. » Et de réclamer une peine de 10 ans de prison, « en tout cas pas en deçà de 8 ans. »
De l’humanité pour l’accusé ?
En revanche pour l’avocat de la défense, les déclarations de la plaignante ne sont pas constantes et circonstanciées, en tout cas « jamais spontanées ». Selon Me Julien Bensoussan, il n’y a aucune preuve probante, indiscutable des viols, pas d’expertise psychiatrique dans ce dossier, et son client, sans casier judiciaire, sans antécédents, ne peut être condamné que pour détention d’images pédopornographiques.
« C’est neuf années contre un vieux monsieur de 82 ans dont on parle aujourd’hui », s’est-il même insurgé. Aussi a-t-il demandé à la cour de tenir compte de son âge et d’avoir « une certaine forme d’humanité ».
Il n’aura pas été entendu.
(*) Prénom d’emprunt
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