
Burundi | Trafic d’êtres humains : des vies brisées, une justice contestée
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 14/10/2025
- 15:27
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Chanella Uwiteka, fait partie des victimes. Enlevée puis ramenée mourante dans sa famille, elle a succombé en 2024 à de multiples blessures après avoir passée des mois de l’autre côté de la frontière tanzanienne.
Selon sa mère en pleurs, le corps de sa :
« fille ainée présentait des mutilations atroces, certains membres ayant été arrachés ».
Elle fait observer qu’il est très difficile de mettre un enfant au monde. Elle estime alors que perdre un enfant dans de telles conditions est vraiment déplorable dans un pays où il y a pourtant une justice. Elle interpelle les autorités qu’elle estime passives face à ces crimes organisés.
La mère de la victime accuse une certaine Sabine Irankunda d’être derrière ce trafic qui a coûté la vie à sa fille.
« Sabine Irankunda, connue dans ce trafic a fait tuer mon enfant. Mais, au lieu que la justice la condamne, on l’a libérée en douceur moyennant la corruption. Je suis brisée, mon cœur est brisé. Dans notre pays, umukene akenyera ngufi (le pauvre n’a pas beaucoup de marges de manœuvre) ».
Augustin Ntirabampa, chef de la colline Nyakuguma, de la zone Kigwena reconnaît le cas de Chanella Uwiteka, originaire de sa colline. Pour lui, le trafic de jeunes filles est une réalité préoccupante dans la commune Rumonge en raison de la pauvreté qui sévit dans les ménages.
« Plusieurs adolescentes, précisément de moins de 18 ans, sont régulièrement conduites vers des réseaux de prostitution en Tanzanie voisine ».
Il cite l’exemple de l’affaire Sabine Irankunda, arrêtée en flagrant délit alors qu’elle transportait quatre jeunes filles autour de 9 à 16 ans de la colline voisine de Mayemba vers la province de Kigoma en Tanzanie.
« Bien qu’incarcérée dans un premier temps, elle a été libérée alors que son dossier se trouvait au parquet de l’ancienne province de Rumonge »
, regrette -t-il.
Dans leur rôle d’autorité locale, les responsables administratifs remettent les coupables directement aux forces de l’ordre. Il demande à la justice de faire son travail et de punir sévèrement les coupables pour qu’ils puissent servir d’exemple pour d’autres malfaiteurs.
L’administration locale se mobilise
« C’est déplorable ce qui est arrivé à la famille de cette jeune fille. Nous sommes en train de travailler avec les forces de l’ordre pour que l’accusée qui a été libérée et qui a pris fuite en Tanzanie soit rendue au Burundi pour faire face à la justice dans toute sa rigueur ».
« Les recruteurs profitent de la vulnérabilité des familles »
Derrière se cachent en effet des fins d’exploitation sexuelle et de travail forcé. Parfois, la rémunération promise devient un prétexte pour des assassinats ciblés.
Selon lui, lorsqu’un passage est bloqué à l’ouest, les trafiquants trouvent une autre voie vers l’est pour atteindre la Tanzanie, parfois en corrompant des agents publics. « La commune Rumonge, à Kigwena, est aujourd’hui une plate-forme majeure pour le trafic d’enfants ».
« Il est urgent de renforcer le cadre juridique et judiciaire, de former tous les acteurs de la chaîne pénale (policiers, enquêteurs, officiers de police judiciaire et magistrats) aux techniques standard d’identification et de prise en charge des enfants victimes de trafic ».
Il recommande la création ou le renforcement d’unités spécialisées au sein des forces de sécurité ainsi qu’un tribunal et une cour spécialisées pour réprimer ce type de criminalité transnationale organisée.
Le président de l’ONCT où est ton frère estime que le rôle des organisations de la société civile est crucial.
« Nous devons continuer de dénoncer, sensibiliser et plaider pour les droits des enfants tandis que l’arrestation, la qualification des faits et la répression relèvent du ministère public ».
Des arrangements discrets
Selon le rapport annuel 2024 de la l’ONCT où est ton frère sur l’état des lieux de la traite des enfants au Burundi, 281 enfants burundais ont été interceptés alors qu’ils étaient sur le point d’être conduits clandestinement en Tanzanie via certaines provinces frontalières, notamment de Mugina à Mabanda et de Kabonga à Nyanza.
Face à cette réalité, Me. Mbarubukeye indique que plusieurs familles choisissent d’étouffer ces affaires par des arrangements discrets avec les trafiquants. D’autres victimes, traumatisées, n’osent pas témoigner devant les tribunaux. La peur, la honte ou encore l’absence de dispositifs efficaces de protection des témoins limitent leurs prises de parole.
« En 2025, le tribunal de Grande instance de Rutana a condamné plusieurs trafiquants arrêtés en flagrant délit de convoyage d’enfants vers la Tanzanie, preuve que le phénomène persiste malgré les efforts judiciaires ».
Me. Mbarubukeye recommande une coordination renforcée entre le Burundi et la Tanzanie ainsi que la mise en place d’un centre national pour l’hébergement temporaire des enfants survivants de la traite afin d’assurer leur réintégration et leur protection.
De son côté, Anne-Marie Nkeshimana porte-parole du ministère de la Justice, des Droits de la personne humaine et du Genre, affirme que le ministère va s’enquérir du dossier pour que la partie civile soit rétablie dans ses droits.
« Nous allons faire tout notre possible pour éradiquer ce trafic des êtres humains dans notre pays »
, a-t-elle promis.
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