Lyon | La double vie du professeur révélée dans son école

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Une peine ridicule pour ce pédocriminel récidiviste
Un professeur “pédophile” du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon a été condamné pour avoir détenu des milliers d’images sexuelles de mineurs.

Le tribunal correctionnel de Lyon a condamné ce mardi 7 octobre 2025 un ancien professeur du Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMD) de Lyon (9e arrondissement) pour sa détention de plusieurs milliers de fichiers pédopornographiques sur son ordinateur.

En mai 2021, l’association Point de Contact – qui s’est donnée pour mission de « protéger les internautes des dérives inhérentes à l’évolution et au développement d’Internet » – avait en fait signalé plusieurs internautes téléchargeant des fichiers pédopornographiques à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC).

Déjà condamné pour des faits similaires en 2006

Parmi eux, le profil de Valeriu X. avait particulièrement inquiété les autorités : l’homme aujourd’hui âgé de 55 ans était professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMD) de Lyon, un établissement qui accueille les « artistes émérites des quatre coins du monde », parfois tout jeunes majeurs.

Le quinquagénaire, qui réside désormais à Saint-Didier-au-Mont-d’Or (Rhône), avait d’ailleurs déjà été condamné pour des faits similaires en 2006 et avait même été emprisonné deux mois en 2008…

270 000 fichiers pornographiques surtout sur des mineurs

Lors de la perquisition de son domicile, décrit comme « insalubre », les policiers avaient découvert plusieurs disques durs contenant environ 270 000 fichiers pornographiques – dont une majorité à caractère pédopornographique – ainsi que des « sex-toys » disposés sur un piano et un caméscope renfermant des vidéos de jeunes filles filmées dans la rue.

À la barre du tribunal ce mardi 7 octobre 2025, Valeriu X. a dit avoir « honte » d’être ici, mais reconnaît qu’il a « recommencé à télécharger » ce genre de vidéos « pendant le confinement » en recherchant « l’innocence des relations entre adolescents qu’on ne retrouve pas dans les relations adultes ».

« Je ne dors plus depuis que j’ai 12 ans, toutes les nuits, je suis sur Internet, à complètement perdre le nord », souffle le professeur du conservatoire.

Le professeur avait une « double vie »

Mais l’homme – qui est aujourd’hui « professeur particulier » – certifie néanmoins qu’il n’a jamais eu le moindre comportement déplacé avec ses étudiants, toujours majeurs.

Ses collègues avaient d’ailleurs été « surpris » lors de la révélation des faits, a-t-il été dit à l’audience.

L’homme employé par le conservatoire depuis une trentaine d’années explique en fait avoir entretenu une « double vie » pendant plusieurs années grâce à « une étanchéité totale entre l’enseignement qui me passionnait et mes errances sur Internet ».

« C’est déjà de la pédophilie »

Il assure aussi avoir mis du temps à comprendre le « système » qui pouvait se cacher derrière ces vidéos et la « violence » qui en résultait pour les jeunes filmés.

Reste qu’il « a participé à ce système, même sans payer », a rappelé le procureur de la République.

« Avoir une attirance [pour ces vidéos, ndlr] sans passer à l’action, c’est déjà de la pédophilie », martèle-t-il.

De son côté, le conservatoire n’avait jusqu’à présent pris « aucune mesure définitive » concernant son « professeur de déchiffrage de partition ».

Si Valeriu X. avait été écarté au moment de la révélation des faits, l’établissement avait maintenu sa rémunération « au titre de la présomption d’innocence ».

Mais le CNSMD « ne veut pas couvrir d’une manière ou d’une autre des faits d’une telle gravité », a tenu à souligner son avocat à l’audience.

L’établissement peut en effet accueillir des élèves « à partir de 16 ans ».

Le professeur redoute les effets de son affaire

Mais ces élèves mineurs n’ont été « qu’une petite dizaine sur les dix dernières années », s’est agacée l’avocate de la défense, qui a estimé que le CNSMD n’avait subi « aucun préjudice direct » dans cette affaire.

« Les faits ne sont pas commis dans les locaux, pas sur des élèves de l’école et le personnel lui-même s’accorde à dire qu’il n’y a aucun lien avec l’établissement », avait-elle dit aux juges lyonnais.

Elle avait d’ailleurs regretté que le tribunal ait communiqué l’entièreté du dossier au conservatoire, une « humiliation » pour son client.

Valeriu X. a dit d’ailleurs redouter désormais « l’effet boule de neige » de sa condamnation et « ce qui va se produire à l’extérieur ».

« Le conservatoire m’a donné la chance de faire de ma passion un métier… Il m’a permis de former les autres à devenir ce que moi, je ne pouvais pas être, un grand musicien », a-t-il soufflé.

« C’est très dur de me retrouver sans mon étoile polaire. »

Un an de prison ferme

Le professeur a malgré tout écopé d’un an de prison ferme, qu’il pourra purger avec un bracelet électronique.

Il devra ensuite s’astreindre à un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins pendant trois ans, et est désormais inscrit au Fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS).

Interdit à titre définitif d’exercer auprès de mineurs, il devra verser 800 € au CNSMD pour ses frais de justice mais n’aura pas à lui payer de dommages et intérêts, faute de « préjudice direct ».

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