France | Agressions sexuelles au lycée Bayen

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La pipe toi tu connais, ça y va la pipe
Aujourd’hui infirmier dans un collège rémois, Benjamin Freyermuth revient sur ses trois années de combat au sein du lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne. Trois ans de bataille pour obtenir la mise à pied d’un professeur accusé de viols, d’agressions sexuelles et de harcèlement.

Il a très longuement hésité. Plusieurs mois, où lors de nos appels téléphoniques, il me disait ne pas se sentir capable. Trop fragile.

L’affaire des agressions sexuelles au lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne l’a mis à l’arrêt. Impossible de travailler. Impossible de continuer à aider les élèves. Il fallait d’abord se reconstruire.

Au début de l’été 2025, Benjamin Freyermuth se sent mieux et me donne son accord. Nous prenons rendez-vous pour une longue interview. Besoin de parler, de tout livrer. Comme une ultime étape pour enfin continuer son parcours.

Benjamin est infirmier hospitalier avant de se décider à franchir le pas. À la rentrée 2021-2022, il pousse la porte du lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne. Son premier poste en milieu scolaire. Il est stagiaire. Il n’imagine pas un seul instant ce qui l’attend. Pourtant très vite, il est alerté.

“J’ai terminé mon boulot d’hospitalier et directement j’ai été projeté en milieu scolaire, se souvient Benjamin. L’atmosphère du lycée… Une grande cour, c’est végétalisé. Il y a des bancs et comme il y a l’option cirque, il y a des monocycles partout. Et puis, je suis tout de suite pris en charge par les deux secrétaires de direction. Je discute aussi avec quelques professeurs, contents que je sois là, car l’infirmière en poste depuis 19 ans a été mutée et ils avaient très peur de se retrouver sans professionnel de soin”.

La proviseure me glisse un petit papier en me disant, je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous influencer, mais ayez toujours un regard sur ce site.

Quand j’ouvre le petit papier, je vois l’adresse de “Balance ton cirque”.
Benjamin Freyermuth, ancien infirmier du lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne

Il fait donc ces premiers pas dans un établissement qu’il ne connaît pas, et dont il n’a absolument pas entendu parler. Et encore moins des rumeurs qui, depuis des années, courent dans les couloirs de ce lycée concernant un professeur de français.

“Je ne connais pas du tout Châlons. Ce n’est pas quelque chose qui m’arrive aux oreilles, en tout cas pas les premiers jours, poursuit-il. Mais, dès la deuxième semaine et le deuxième rendez-vous avec la proviseure, elle me glisse un petit papier en me disant, je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous influencer, mais ayez toujours un regard sur ce site. Quand j’ouvre le petit papier, je vois l’adresse de “Balance ton cirque”. Je n’ai aucun souvenir d’avoir vu un nom de professeur dans les témoignages, par contre la principale me dit, c’est Mr Vey qui est en cause. Quand je sors de son bureau, à l’infirmerie, je me connecte sur le site en question. Je vois alors 4-5 phrases qui décrivent une attitude particulière du prof. On n’est pas dans le domaine de l’agression sexuelle mais plutôt un adulte qui sexualise beaucoup les choses qui parle de cul tout le temps. Qui n’hésite pas à faire des blagues graveleuses pendant les cours en prenant les élèves à témoins”.

Quelques jours après la rentrée des classes, Benjamin est ainsi projeté au cœur de l’affaire. Quelle intention a alors la proviseure du lycée ? Pourquoi donne-t-elle cette information à son infirmier? “Moi j’interprète son alerte comme une vigilance à avoir, en cas de choses plus graves qui apparaîtraient”.

Vigilant, Benjamin le sera évidemment. Davantage même. Il a fort affaire avec les nombreux élèves qui passent la porte de son infirmerie. Il sent, au fur et à mesure des semaines, grandir un mal-être. Chez les élèves circassiens de terminale d’abord, puis la classe de première, elle aussi perd pied.

Et puis, il croise Pascal Vey au détour des couloirs. Pas simple de faire comme si de rien n’était.

“C’est très particulier. Mr Vey, je l’ai croisé brièvement, nous avons fait connaissance. C’était quelqu’un de très exubérant qui allait très facilement vers l’autre. Au premier abord, un homme que l’on peut décrire comme agréable. Moi j’ai des réserves. Après, je ne suis pas du tout en train de me faire des films à ce moment-là. Je me mets en retrait, en observation”.

Benjamin va alors vivre un moment qui le propulsera dans l’univers, de Pascal Vey. Un professeur à l’attitude parfois violente verbalement et aux propos inappropriés en présence d’enfant. Des attitudes, que tous ceux qui le côtoient au sein de l’établissement, connaissent.

“Je suis invité par Marie-Pierre Jacquard, codirectrice de la section cirque, au premier spectacle de l’année. Je me retrouve devant les grilles du Cnac. Pascal Vey est là avec d’autres professeurs et une jeune fille, une élève, que je connais, et qui a de gros soucis. Elle a fait une tentative de suicide liée à des faits d’agression. Pascal Vey est au courant. Il fume la pipe Pascal Vey. Il fait alors une « blague » complètement lunaire à cette jeune fille en lui disant : “La pipe toi tu connais, ça y va la pipe”. La jeune fille ne réagit pas. Mais ce qui me marque aussi, ce sont les profs. Ils n’osent rien dire. Ce n’est pas un reproche vis-à-vis d’eux, car je sens qu’ils n’approuvent pas. Mais, à ce moment-là, je me dis : il est comme ça, et tout le monde trouve que c’est normal”.

Benjamin prend conscience de l’ampleur de la situation. Un moment qui l’aidera à comprendre, ensuite, l’emprise exercée par Pascal Vey.

Benjamin Freyermuth a tissé des liens de confiance avec nombre de professeurs et notamment Marie-Pierre Jacquard. “Tout de suite, je lui ai parlé et elle aussi s’est sentie en confiance avec moi”.

Marie-Pierre Jacquard est alors très amie avec Pascal Vey, le responsable, avec elle, des circassiens. Elle aussi commence à se poser des questions. “Balance ton cirque” à l’été 2021, lancé par les élèves du CNAC, l’a marqué. Avec Benjamin, ils vont, alors, se lancer dans un véritable travail d’enquête incité, notamment, par les premiers témoignages qu’ils reçoivent.

“Très tôt après la rentrée, deux élèves viennent dans mon bureau. Dans un premier temps, elles n’osent pas parler. Elles sont gênées et l’une d’entre elles dit à sa camarade, allez maintenant lance-toi. Elle me raconte alors que l’année passée, en première, sa meilleure amie a été hospitalisée et devait revenir au lycée lors de cette rentrée de terminale. Mais, à sa grande surprise, Mr Vey, leur professeur de français, annonce à la classe des circassiens que cette élève ne reviendra finalement pas. Elle l’interpelle alors en lui disant qu’elle n’a pas la même version. À la fin du cours, il lui demande de rester dans la classe, il ferme la porte, ce qui est totalement interdit, et elle prend peur. Il la menace très clairement et lui interdit de parler de la situation de cette jeune fille au reste de la promo. Et si elle le fait, il lui précise qu’il peut lui ruiner sa carrière, avant même qu’elle ait commencée.”

Benjamin lui demande de consigner son témoignage par écrit et de le remettre à la direction. La jeune fille accepte mais, terrorisée, ne le fera qu’en fin d’année scolaire.

“Elle ne veut pas risquer des problèmes avant son bac. C’est bien la preuve qu’il mettait en place une emprise”.

L’infirmier se demande, alors, s’il doit faire un signalement, en réfère à sa tutrice et à l’assistante sociale. Toutes les deux lui disent que l’attitude du professeur est “posturale” et que cette affaire doit être réglée par la direction de l’établissement. Si Benjamin ne fait pas de signalement et respecte la demande de l’élève, il prévient la proviseure et son adjoint.

“Je leur explique qu’il y a eu un incident qui me semble relever d’un comportement despotique. C’est fou, dans cette histoire, tout c’est, petit à petit, confirmé. J’ai appelé Marie (Marie-Pierre Jacquard) pour lui expliquer et on s’est dit, pourvu que cela reste postural et qu’il n’y est pas plus. Et chaque fois, il y avait plus”.

La deuxième grosse alerte reçue par Benjamin arrive de la classe des circassiens de première.

“Je connais certains des élèves. Ils m’ont été signalés pour des problèmes de tics et de comportements qui nécessitent un suivi. Mais, chose rarissime, il y a une transmission de ces tics, comme une sorte d’hystérie collective. Plusieurs fois par heure, je dois aller chercher des élèves de première. C’est une souffrance énorme pour eux. Je peux avoir jusqu’à dix élèves, en même temps, dans l’infirmerie, l’un recroquevillé sur lui-même, l’autre pris de soubresauts. On a une flambée de mal-être là où, au départ, il n’y a pas grand-chose. Comme par hasard, le seul endroit où ils l’expriment, c’est dans les cours de Mr Vey. Il y a quand même tout un schéma qui commence à se dessiner. Schéma que je ne verrai vraiment que l’année d’après. J’en parle à Marie qui découvre beaucoup de choses cette année-là”.

Benjamin demande de l’aide au rectorat et fin décembre 2021, un médecin et sa conseillère technique viennent en renfort pour tenter de trouver des solutions. Il est aussi décidé d’un temps d’échange avec les élèves et Pascal Vey souhaite s’y inviter, ce que l’infirmier refuse.

“J’interviens en classe. Un gros silence s’installe. Mon objectif est de faire tout sortir et je leur précise qu’ils ont droit d’exprimer leur colère avec des insultes, des grossièretés. Je m’en moque, je veux qu’il y ait de l’émotion. Et là, une jeune fille prend la parole, et dit clairement : Mr Vey c’est un gros connard. Presque toute la promo se manifeste, et certains me le disent encore aujourd’hui, sans cette intervention, la situation avec le professeur de français aurait, sans doute, empiré. Ils expriment l’ignorance de Pascal Vey lorsqu’un élève ne se sent pas bien. Quand il voit que cela dure, il prétend lui-même être malade et ramène tout à lui. Ils ne les écoutent pas, il n’en a rien à faire. Les élèves précisent qu’il a déjà laissé une élève en crise, par terre devant sa chaise. Ils n’en peuvent plus de Mr Vey”.

Benjamin et Marie-Pierre Jacquard sont convaincus qu’ils doivent continuer à faire sortir leurs élèves de ce silence. De ces non-dits destructeurs. Des situations, qui, si elles ne sont pas pénalement condamnables, doivent alerter sur la capacité de nuisance de ce professeur.

Sa stratégie est redoutable. En seconde, il met les élèves en confiance, écarte ou harcèle ceux qui lui résistent. Puis met en place son influence, sa notoriété, son savoir indéniable, au service d’une toute-puissance. L’emprise ou la terreur sont alors en place. Le silence aussi.

“C’est crade ce que je vais vous dire. On est dans une relation où il propose à l’élève de lui apprendre le sexe. Des échanges de textos, des mots doux. Il l’a endormi. C’est un élève qui avait besoin de trouver cette écoute. Sauf que lui, il lui donne avec un but derrière la tête.”

Benjamin Freyermuth, ancien infirmier du lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne

“Il fait régner sa loi et c’était très compliqué d’avoir d’autres témoignages. Nous grattons, cherchons. On sent qu’il y a quelque chose, on sait qu’il y a quelque chose et en même temps c’est super compliqué car on ne peut pas clairement dire : Mr Vey est un problème et doit être écarté”.

Toute cette période resserre les rangs du côté des élèves. Ils comprennent que certains adultes prennent au sérieux leur mal-être. Cette confiance envers Benjamin et Marie-Pierre leur servira de bouclier face à ce professeur qui ne changera absolument jamais de comportement.

Benjamin le redoute depuis quelques mois et, durant l’année 2022, un nouveau témoignage d’élève fait basculer cette affaire de violence verbale et de comportement douteux, en affaire pédocriminelle.

“C’est Marie-Pierre qui reçoit l’élève et elle lui demande de faire un écrit et d’aller le donner à la direction. Ce qu’il fait. On a, alors, une preuve formelle d’une manipulation malsaine et extrêmement perverse avec à la fois un élève qui fait encore entièrement confiance à Mr Vey. Quand il en parle à Marie, il est encore sous emprise“.

Benjamin retient alors ses paroles. Encore sous le choc du récit de cet enfant de 17 ans.

“C’est crade ce que je vais vous dire. On est dans une relation où il propose à l’élève de lui apprendre le sexe. Des échanges de textos, des mots doux. Il l’a endormi. C’est un élève qui a besoin de trouver cette écoute. Sauf que lui, il lui donne avec un but derrière la tête. Cet élève se retrouve bloqué. Le modus operandi de Pascal Vey est en place. Faire croire à la personne qu’il est très amoureux d’elle et que c’est la première fois qu’il ressent cela pour quelqu’un.”

Protéger les élèves, devient une mission de tous les instants. Benjamin est alors convaincu de la transmission, par la proviseure, de tous ces éléments au rectorat.

“Jusqu’en décembre 2022, la proviseure et son adjoint sont encore à l’écoute et à tout moment, nous pouvons leur en parler. Mais à partir du moment où l’on a les premiers témoignages d’anciens élèves, c’est compliqué”.

Entre-temps, à la rentrée 2022-2023, Pascal Vey est prié, par la direction du Cnac, de ne plus remettre les pieds dans leurs locaux. En tant que codirecteur de la section cirque du lycée Bayen, il y vient régulièrement. Pour autant, l’Éducation nationale, elle, ne bouge pas.

Une quinzaine de témoignages d’anciens élèves déferlent juste avant les vacances d’avril 2023. Ils viennent corroborer celui du jeune garçon dont Pascal Vey s’est promis de faire l’éducation sexuelle.

“La direction estime, à ce moment-là, que ces témoignages anonymes sont des “on-dit”. Pourtant, des choses extrêmement graves nous sont confiées. Comme rien ne se fait, rien ne bouge, Marie contacte, alors, l’association Colosse aux Pieds d’Argile. Ils montent tout de suite le dossier. J’ai deux juristes au téléphone. Là on se dit, enfin, on a de la matière, c’est super triste d’ailleurs, mais grâce à cette association, on va pouvoir écarter Vey et mettre les élèves en sécurité. Mi-avril, le dossier part à l’association et Marie et moi, nous allons voir la direction pour les informer. L’entretien est très très froid. La proviseure reste sur sa position : elle ne peut rien faire face à de simples témoignages anonymisés.”

Il faut quoi, qu’il viole un gamin devant le rectorat pour que cela bouge. Oui, je suis en colère. C’est aussi ne pas prendre au sérieux nos craintes qui sont justifiées. C’est pire qu’un manque de confiance, c’est une négation de ma personne.

Benjamin Freyermuth, ancien infirmier du lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne

Benjamin Freyermuth ne reçoit pas d’autres témoignages inquiétants des élèves du lycée.

“Je pense qu’il n’est pas passé à l’acte avec nos élèves. Et c’est super triste ce que je vais vous dire… Cela aurait été tellement plus facile. Là, le signalement aurait été fait et on en parlait plus. J’appelle alors la DSDEN (Direction des services départementaux de l’Éducation nationale), le substitut du procureur en charge des mineurs qui me dit qu’il ne peut rien faire car nos témoignages concernent des anciens élèves, majeurs. Je m’entretiens avec la procureure de la République de Châlons.

Elle me dit qu’elle a bien reçu le dossier de l’association Colosse aux pieds d’argile, et me confirme diligenter une enquête sur-le-champ en précisant qu’elle parlera au recteur pour lui conseiller d’écarter Mr Vey”.

Tant d’efforts et d’énergie pour alerter, et rien ne se passe. Nous sommes à la fin de l’année scolaire 2022-2023 et aucune mesure de précaution, de protection n’est prise à l’égard des élèves.

Benjamin Freyermuth est encore très en colère lorsqu’il évoque ces moments-là.

“Une enquête judiciaire démarre et je ne comprends pas pourquoi on ne met pas, Pascal Vey, à l’écart. Ce sont des montagnes russes émotionnelles terribles. C’est horrible. Alors même que nous étions persuadés, avec Marie, de pouvoir sécuriser nos élèves, et bien non. Ce n’est pas possible qu’une institution, qui nous demande de protéger les élèves, ne soit pas capable de le faire en écartant ce professeur. Il faut quoi, qu’il viole un gamin devant le rectorat pour que cela bouge. J’en parle à ma conseillère technique qui ne comprend pas non plus. C’est horrible. Franchement nous n’aurions pas été à deux, j’aurais craqué. Moi, je le croise tous les jours, et je m’interdis de lui dire quoi que ce soit. C’est à l’institution et à la police de faire le travail. Oui, je suis en colère. C’est aussi ne pas prendre au sérieux nos craintes qui sont justifiées. C’est pire qu’un manque de confiance, c’est une négation de ma personne”.

Il aura fallu trois années de combat, interminables, pour qu’enfin Pascal Vey soit mis à pied. La plainte d’un ancien élève, victime de viol, met ainsi fin aux manœuvres de ce prédateur sexuel qui sévit depuis les années 1990. Trois ans que Benjamin endure. Une souffrance psychologique toujours palpable aujourd’hui. Il a repris sa mission de soin auprès des collégiens, mais sa fragilité est là.

“L’éducation sexuelle, le consentement. Il faut expliquer aux enfants, dès que possible, qu’un professeur, ne peut pas avoir de relation avec son élève.”

Benjamin Freyermuth, ancien infirmier du lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne

“Cela a été trois années nécessaires pour un combat de dingue. Un combat de tous les instants. Aux vacances d’été 2023, je demande à Marie de ne plus me parler de l’affaire jusqu’à la rentrée. Je commence à péter un plomb. Cela a des répercussions sur mon couple. Je ne vis qu’avec cela. C’est d’une injustice. C’est en dehors de toute logique humaine. C’était horrible. Nerveusement, c’est très difficile. Si c’était à refaire, je le referai. Nous avons réussi. Il faut se servir de ce qui s’est passé là, pour reconnaître que l’institution a des failles, dues à des prises de décisions de certaines personnes. Je pense que cela n’est pas compliqué de mettre en place un protocole national qui veille. Un signalement d’un élève pourrait entraîner une protection tant pour le personnel présumé innocent que pour les élèves. Je garde confiance en l’institution. Si nous réussissons à mettre en place ces projets, nous limiterons tout cela. L’éducation sexuelle, le consentement. Il faut expliquer aux enfants, dès que possible, qu’un professeur, ne peut pas avoir de relation avec son élève”.

Dans l’affaire Bayen, la faillite de l’Éducation nationale est pourtant là et ce ne sont pas les projets à venir qui répareront les victimes.

Benjamin sort d’une grave dépression et l’autre lanceuse d’alerte, Marie-Pierre Jacquard, est encore plongée dans une longue maladie reconnue par l’institution après une grève de la faim.

Après ces longs mois de silence, l’infirmier scolaire n’a plus peur d’affronter la réalité. Mais, parler pour se reconstruire, c’est aussi prendre un risque aux yeux de son administration.

“Je n’ai pas peur. Je n’insulte absolument pas mon institution, j’ai confiance et j’adore ce que je fais. Me sanctionner pour tout ce que j’ai dit, l’institution se tirerait une balle dans le pied. J’aimerais tant que l’on améliore, que l’on réussisse à se dire avec humilité : notre institution n’est pas parfaite. Et surtout on doit des excuses et réparation aux victimes. Il faut que l’on avance. L’institution en sortirait ultra-grandie”.

Après le suicide du professeur de français, Pascal Vey, neuf plaintes pour viols, agressions sexuelles et harcèlement sont classées sans suite par la procureure de la République de Châlons-en-Champagne.

Mais, les deux députés Violette Spillebout et Paul Vannier, chargés du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les agressions faites en milieu scolaire, déposent, en avril 2025, un article 40 auprès du parquet de Châlons-en-Champagne, relançant ainsi une action pénale.

Une plainte pour non-dénonciation de crimes est alors ouverte et en cours d’instruction.

Six victimes et associations de parents d’élève ont également déposé plainte, très récemment, au tribunal administratif, dénonçant un manque de protection de l’Éducation nationale.

Sollicité à de nombreuses reprises ces derniers jours, le recteur de l’académie de Reims ne souhaite plus s’exprimer sur cette affaire.

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