Après un docu. qui avait dévoilé des conditions désastreuses de prise en charge des enfants de l’ASE, en 2020, « Zone Interdite » est retourné voir si la situation s’est améliorée.
Ce nouveau « Zone Interdite » met en évidence 3 situations désastreuses pour les enfants placés.
1/Des placements dans des familles sans vérification
2 journalistes de « Zone Interdite » se sont fait passer pour un couple souhaitant accueillir des enfants. En caméra cachée, ils ont filmé l’entretien avec les personnes en charge des placements dits « Jeunesse et sport », c’est-à-dire pour des courtes périodes de vacances. Déjà, on propose au faux couple de garder des enfants sur plusieurs mois, au lieu des quelques semaines notamment autorisées dans ce cadre. Ensuite, on les incite à s’occuper de quatre enfants plutôt que deux, de façon à exploiter toute la place dispo dans leur maison. Enfin et surtout, ils n’ont besoin de fournir aucun document pour justifier leur emploi et leur carnet judiciaire ne fait pas l’objet d’une vérif.
2/Des enfants dans des hôtels livrés à eux-mêmes
Une autre journaliste de M6 s’est fait recruter en tant qu’éducatrice pour des enfants placés à l’hôtel. L’ASE délègue à des entreprises d’intérimaires la surveillance et l’éducation de ces potentiels 10 000 enfants, ou plus encore (le chiffre n’est pas officiellement connu), qui vivent dans des chambres d’hôtel. Le docu a filmé en caméra cachée 2 enfants de 15 ans environ, qui ne vont pas en cours, ne sortent que pour acheter à manger, et sont en détresse psychologique. Les éducateurs ont placé une armoire devant la fenêtre de l’une des deux pour l’empêcher d’attenter à ses jours.
Si les éducateurs ne les forcent pas à aller en cours ou à passer leur brevet blanc, c’est parce qu’ils ont pour consigne de ne pas agacer les enfants, de façon à ce qu’elles ne se plaignent pas à l’ASE et que l’entreprise d’intérimaires conserve cette source de revenus. Alors les éducateurs ne font que frapper à leur porte quelques fois dans la journée. L’un d’eux fume des joints dans la pièce d’à côté. La situation tourne très facilement à la violence.
3/Des enfants en foyer qui dealent ou se prostituent
« Zone Interdite » est retourné dans l’un des foyers visités lors du précédent documentaire, en Seine-Saint-Denis, toujours en cam cachée. Depuis le scandale déclenché en 2020, des budgets ont été alloués à la rénovation des foyers dans ce département. Le bâtiment a été repeint, rénové, et un parcours santé a été installé dans le jardin. Les jeunes se lèvent plus tôt le matin au lieu de traîner au lit une grande partie de la journée… et partent aussitôt « travailler ». Les éducateurs sont parfaitement au courant que tous ces garçons travaillent p/des trafiquants de drogue, mais ne cherchent pas à lutter contre. Sur les 12 enfants, 1 seul va au lycée.
Dans un foyer,tjrs en Seine-Saint-Denis, les enfants s’absentent ttes les nuits p/se prostituer. Là encore, les éducatrices sont au courant, mais ne font rien.
Comme solutions envisagées, Charlotte Caubel parle de « renforcer les contrôles de l’État » : « J’ai la conviction que l’État doit remettre les pieds dans cette pol. qui est portée par les départements. » Elle promet également une augm des effectifs des éducateurs de l’ASE et des contrôles, notamment concernant les placements « Jeunesse et sport ». Dans le Pas-de-Calais, un comité rassemblant préfet, procureur et président du département a été mis en place à titre expérimental. Le même dispositif devrait être créé dans une vingtaine d’autres dép.
Des efforts insuffisants, jugent les équipes de « Zone Interdite », qui estiment que la prise de conscience après leur dernier docu n’a donné lieu à aucune amélioration concrète. « À force de taper sur le même sujet, peut-être qu’il finira par se passer des choses» soupire Ophélie Meunier,la présentatrice.