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Les enfants martyrs de Riaumont | ARTE

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Pendant des décennies, les pensionnaires du village pour enfants de Riaumont, à Liévin, géré par une communauté catholique intégriste, ont été victimes de maltraitances et de violences sexuelles. Une enquête édifiante et des témoignages déchirants qui remettent en cause l’attitude des pouvoirs publics.  

Une jeunesse en enfer. Créé en 1960, le village pour enfants de Riaumont, à Liévin, s’était donné pour mission d’éduquer des enfants et des adolescents en difficulté, le plus souvent issus de familles minées par la précarité et la violence. Avec sa ferme, ses animaux et son église, le cadre, agréé et financé par les ministères de la Justice puis de l’Éducation nationale, paraît idyllique. Mais derrière le décor de conte de fées, le séjour des jeunes pensionnaires se transforme vite en cauchemar.

L’institution, tenue par une communauté catholique intégriste, ne se contente pas d’imposer une discipline d’airain ; elle multiplie maltraitances et abus. Punitions à coups de poing, de pied ou de ceinturon, claustrations dans les douches, travail forcé pour construire de nouveaux bâtiments rythment le quotidien des jeunes, vêtus été comme hiver de shorts en cuir rappelant ceux des jeunesses hitlériennes.

Le fondateur du centre, le père Albert Revet, ne dissimule d’ailleurs pas son admiration pour l’idéologie nazie, collectionnant uniformes SS et casques à pointe. Pour parachever cette œuvre d’emprise et de destruction des identités, des dizaines d’enfants sont victimes d’agressions sexuelles ou de viols perpétrés par ces adultes censés prendre soin d’eux. Il a fallu attendre plus de quinze ans avant qu’un inspecteur du ministère de la Justice ne commence à pointer certaines dérives, puis qu’une professeure d’un collège voisin alerte les autorités.

Mais le village d’enfants de Riaumont n’a été fermé qu’en 2019, soit six décennies après sa création… Multipliant les témoignages de victimes et les images glaçantes d’enfants défilant en bataillons militaires, ce documentaire pose une question essentielle : comment la société a-t-elle pu se rendre complice d’un tel piège, dont beaucoup peinent encore à se relever ?

Comment les parents, les voisins du domaine, les gendarmes, les juges pour enfants, les assistantes sociales, les responsables des collectivités territoriales, des administrations judiciaires, sociales et éducatives, ou les ministères de tutelle ont-ils pu fermer les yeux aussi longtemps sur ces crimes commis sur plusieurs générations ?

L’enquête, qui révèle aussi les liens de la communauté avec des réseaux d’extrême droite français, allemands et belges, remonte avec une efficacité redoutable aux racines du mal : l’alliance mortifère entre l’intégrisme catholique, le scoutisme militaire et une éducation par la violence, confortés par l’inaction des pouvoirs publics. Documentaire de Ixchel Delaporte et Remi Benichou (France, 2024, 1h)