C’est le thème de l’Envers des Affaires N°15 qui est sorti en kiosque: en France, 25 000 enfants et adolescentes censés être sous la protection de l’État se prostituent.
Cela ne se passe pas « à la marge » mais au cœur du système, dans chaque foyer, au cœur même de ces structures censées être leurs refuges, comme si ces foyers étaient devenus autant de « viviers à chair fraîche »…
Ces enfants, qui se retrouvent là parce qu’ils sont déjà tous ébréchés, salis ou cassés par la vie, n’ont-ils d’autre choix, d’autre avenir, que de se vendre ?
Tout la chaîne institutionnelle sait, et se tait.
Quand elle ne profite pas directement des « avantages » de ces nouvelles « maisons closes » ouvertes aux quatre vents…
25 000 prostituées mineures, ça fait combien de clients ? 250 000 au bas mot.
Parmi eux, combien de « cadres » de l’État, de personnes censées être en responsabilité de la protection de l’enfance ?
Dès lors, comment s’étonner que la défense des enfants ne parvienne toujours pas à être ce qu’elle devait être, à savoir l’enjeu no 1 pour l’avenir notre pays ?
Au risque de me répéter, un pays qui ne protège pas ses enfants n’a aucun avenir.
Il massacre son propre futur.
Carla a répondu à mes questions.
Elle est un pur produit de « l’éducation » qu’on dispense au sein des foyers de l’aide sociale à l’enfance.
Placée à 15 ans dans celui de Villiers-sur-Marne (94), elle y restera presque trois ans.
C’est là qu’elle apprend « les choses la vie » : à part se prostituer, aucune autre perspective envisageable pour elle, ni pour ses amies.
Jouant sur leur solitude et de leur naïveté, on leur fait vite comprendre que vendre son corps, c’ est parfaitement normal.
On découvre au travers de son histoire la violence de ce système parfaitement rôdé qui transforme de façon invariable des fillettes qui n’ont pas eu de chances au départ en petites prostituées…
Carla a exercé dix ans, et a réussi s’en sortir.
Elle est aujourd’hui âgée de 25 ans.
